Un homme de 29 ans, accusé d'avoir tué son père en 2023 d'une trentaine de coups de couteau sur fond de dispute, a été condamné vendredi à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Moselle.

Les faits s'étaient produits le 7 janvier 2023. "J'ai tué mon père", avait dit le fils, Maxime Friderich, à l'arrivée des secours au domicile familial d'Heining-lès-Bouzonville (Moselle).

Blessé à la poitrine, au cuir chevelu, au visage et au dos, Dominique Friederich, 59 ans, avait succombé à un pneumothorax. Il semblait avoir en outre des lésions de défense sur les mains, comme s'il avait voulu se protéger, malgré son alcoolémie de 2,7 g/litre.

Le jeune homme présentait également des blessures, ayant tenté de se suicider.

L'accusé était revenu vivre chez ses parents moins d'un an avant les faits, après avoir perdu son emploi dans un cabinet d'avocat au Luxembourg à cause de son absentéisme récurrent. Maxime Friderich, qui avait commencé à fumer du cannabis au lycée, souffrait d'hallucinations et de paranoïa après être devenu accro à la cocaïne et aux drogues de synthèse.

Son père, inquiet de cette situation, avait de son côté une consommation excessive d'alcool.

Entre mars et août 2022, la police était intervenue à trois reprises au domicile familial, en raison des crises et délires psychotiques de Maxime qui effrayaient ses parents.

Devant la cour, l'expert psychiatre a expliqué que la prise de produits psychotropes avait modifié le rapport de l'accusé à la réalité, engendrant des troubles psychiques ayant altéré son discernement.

"Échec de la psychiatrie"

La peine prononcée est au-dessus des réquisitions du ministère public, qui avait requis 18 ans de réclusion.

La cour a également prononcé huit années de suivi socio-judiciaire avec obligations de soins, notamment psychiatriques.

La cour a aussi retenu chez l'accusé une altération du discernement mais ne considère pas que cela doit diminuer sa peine pour autant.

Une décision qui a surpris l'avocat de l'accusé, Loïc de Graëve: "À partir du moment où l'altération (du discernement) est retenue nous nous attendions à ce qu'ils maintiennent la peine demandée par l'avocat général, qui elle ne retenait pas l'altération, pas qu'ils augmentent le quantum".

Pour la défense, il s'agit d'une "décision en demi teinte mais compréhensible en raison de la matérialité des faits".

Elliot Hellenbrand défendait les intérêts des trois parties civiles, la mère de l'accusé et épouse de la victime, Dominique Friderich, ainsi que le frère ainé de l'accusé et sa compagne.

"Une épreuve importante", a souligné Me Elliot Hellenbrand. "Nous venions dans ce dossier sans rien demander, simplement pour expliquer notre peine et nous sommes contents que la justice soit passée, mes clients estiment que c’est une décision juste", a-t-il commenté.

Me Loïc de Graëve a lui rappelé que son client est un "échec de la psychiatrie", "il n’y a jamais eu de diagnostic posé à son égard malgré des hospitalisations répétées", a-t-il rappelé, sans dire si il avait l’intention d’interjeter appel ou non.