La plus grande usine de production de plastique PET recyclé en France vient d'ouvrir à Messein, en Meurthe-et-Moselle, tout près de Nancy, sur un ancien "crassier" sidérurgique reconverti à l'économie circulaire pour permettre la production industrielle de nouvelles bouteilles.

Avec un investissement de 25 millions d'euros, dont 2 millions apportés par une subvention publique de l'agence de la transition écologique Ademe, la société Aloxe a bâti une usine, inaugurée jeudi.

Une usine capable de produire 50.000 tonnes par an de polyéthylène téréphtalate (PET) recyclé.
Ce plastique sert surtout à fabriquer des bouteilles d'eau et des barquettes alimentaires, ou du textile (polaires, vêtements de sport..). Il est le seul qui se recycle facilement de façon mécanique.

Créée en 2021 et détenue à 85% par le fonds d'investissement américain Ara Partners spécialisé dans la décarbonation de l'industrie, Aloxe a été fondée par deux associés français issus de la chimie (BASF) et de la gestion des déchets (Veolia).

La société affiche l'ambition de devenir le plus grand industriel indépendant en Europe producteur de granules de plastique recyclé à partir de paillettes concassées, pour servir notamment les marchés de l'agroalimentaire ou des cosmétiques.

"Ce projet a été mûri au regard de la réglementation européenne, il y a une directive qui va obliger tous les fabricants de bouteilles alimentaires à incorporer 25% de PET recyclé dans toutes leurs bouteilles au 1er janvier 2025. Ça crée mécaniquement une demande. Il va falloir fournir de grands volumes de haute qualité partout en Europe", a souligné auprès de l'AFP Arnaud Piroëlle, l'un des deux cofondateurs et directeur exécutif de la société.

Difficile de se passer de plastique vierge

L'usine de Messein, très automatisée, emploie un effectif de 36 salariés, qui devrait passer à 45 fin 2023. Il y avait 18 salariés dans la petite usine historique LPR de Vézelise, située à quelques kilomètres de Messein. Rachetée par Aloxe en 2021, cette ancienne usine va fermer, mais ses salariés, et leur savoir-faire, sont transférés sur le nouveau site.

En 2025, Aloxe, qui exploite des usines en Italie (Presenzano) et en Pologne (Gdynia et Wajbrzezno), disposera de "sept sites en Europe", avec 300 salariés au total, contre 180 actuellement. Son chiffre d'affaires actuel de 35 millions d'euros devrait passer à 220 millions d'euros en 2025.

En France, le recyclage du PET est réalisé de manière mécanique, avec tri, broyage, décontamination, concassage sous forme de billes, et refonte de plastique, par de nombreux acteurs, PME ou filiales de grands groupes.

Mais le taux de recyclage est "mauvais", notamment car "le taux de collecte est mauvais", a relevé M. Piroëlle, qui encourage la mise en place d'une consigne des bouteilles vides, jugée plus efficace que les centres de tri et la collecte sélective des poubelles jaunes pour augmenter les volumes de matière première.

Dans l'Est, deux autres projets de recyclage du PET, beaucoup plus gros que celui d'Aloxe, sont annoncés.
En Moselle, les groupes Suez, Loop Industries et SK Geo Centric vont installer sur la plateforme pétrochimique de Carling leur première usine européenne de recyclage chimique.

Les travaux doivent démarrer en 2025 pour une mise en service en 2027. Plus de 450 millions d'euros vont être investis.
Et la startup française Carbios va ouvrir une usine à Longlaville en Meurthe-et-Moselle, avec le premier fabricant mondial de PET, Indorama, pour créer la première usine du monde en recyclage biologique ou enzymatique du PET.

"Ce sera difficile de se passer de plastique vierge, mais on peut raisonnablement penser que d'ici 20 ans, plus de 50% des matières utilisées (en Europe) seront issues du recyclage" estime Clément Lefebvre, co-fondateur et directeur exécutif d'Aloxe.
Il estime qu'"il n'y a pas de compétition entre les recyclages mécanique et chimique", mais qu'ils sont "complémentaires".