La réforme des retraites vient d'être promulguée en France. Elle prévoit un allongement de la durée de cotisation et un report de l'âge légal de départ à 64 ans. Quels vont être ses effets pour les frontaliers?
La retraite, c'est le sujet qui agite la France depuis plusieurs semaines. Malgré la promulgation de la loi cette nuit, la majorité présidentielle se heurte à l'opinion populaire. Et pour cause: le projet du gouvernement prévoit de repousser l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, et d'augmenter la durée de cotisation à 43 ans.
Même employés au Luxembourg, les frontaliers sont eux aussi concernés s'ils ont travaillé ou vont travailler en France.
Avec cette réforme, la France se rapproche du Luxembourg sur la question de l'âge légal (fixé à 65 ans au Luxembourg) mais s'en éloigne sur la durée de cotisation. Car au Grand-Duché, il faut travailler 40 ans pour partir en pension.
J'ai travaillé uniquement au Luxembourg, que faire?
Julien Dauer, directeur de Frontaliers Grand Est, explique que plusieurs cas de figure peuvent s'appliquer. Le plus simple étant celui d'un frontalier n'ayant jamais travaillé en France: il s'adressera uniquement à la CNAP, la Caisse nationale d'assurance pension luxembourgeoise, et devra remplir uniquement les conditions du Luxembourg. À savoir les quarante années de cotisation, permettant de partir en retraite anticipée (à partir de 57 ans) sinon, l'âge légal de 65 ans.
Je suis frontalier mais j'ai aussi travaillé en France...
Pour ceux qui ont une carrière mixte et qui vont percevoir une retraite de la France et d'un ou plusieurs autres pays, ça se complique un peu: ils devront respecter les règles de chaque État, pour chaque retraite à laquelle ils peuvent prétendre.
"La législation européenne pose une règle simple: dès que vous avez travaillé un an dans un pays de l'Union européenne, ce pays est dans l'obligation de vous payer une pension" rassure Julien Dauer. "Vous pouvez avoir travaillé deux ans en Belgique, trois ans au Luxembourg, cinq ans en Allemagne et deux ans en France. Chaque État sera dans l'obligation de vous payer une retraite."
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Mais une durée de cotisation plus longue, c'est forcément une carrière plus longue. Les frontaliers qui ont droit à leur retraite en France seront donc pénalisés par la réforme française.
"Oui, il est possible que les frontaliers doivent travailler plus longtemps en France ou au Luxembourg. Pour remplir la condition française des 43 ans, on prendra en compte votre carrière européenne. Donc si la réforme de la retraite augmente la durée de cotisation, vous pourrez cotiser plus longtemps en France, ou au Luxembourg, pour que votre retraite européenne vous permette de liquider votre retraite dans chacun des pays."
Il est également envisageable que des frontaliers ne puissent pas bénéficier de toutes leurs retraites en même temps. C'est même déjà le cas pour certains. Puisque la France augmente l'âge de départ à la retraite à 64 ans, "il est possible que des frontaliers bénéficient dans un premier temps de leur retraite du Grand-Duché" et ne puissent prendre leur retraite française qu'après, prend en exemple Julien Dauer. "C'est pour ça qu'il est important d'anticiper." Notamment en réalisant des simulations de retraite à partir de 55 ans, avant d'entamer les démarches.
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