RTL a récemment reçu un message affirmant que les détenus étaient exploités par leur employeur. Il était question d'"esclavage moderne".

Début février, une personne s'est adressée à RTL pour s'indigner du fait que des détenus doivent travailler dans une forme d'"esclavage moderne". Selon l'intéressé, un détenu ne toucherait que 350 euros par mois et les 1.700 euros restants seraient empochés par l'employeur: "Alors évidemment l'entreprise se porte bien", telle était l'une de ses récriminations. RTL a enquêté et s'est renseigné auprès de l'administration pénitentiaire.

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Le détenu doit travailler

Comme prévu à l'article 27 de la loi du 20 juillet 2018 ("Chaque condamné est tenu d’exercer le travail lui assigné par le directeur du centre pénitentiaire. Le travail assigné doit tenir compte de l’âge, du sexe, des capacités physiques et mentales, de la santé et de la personnalité du condamné. Le refus non justifié d’exercer le travail assigné peut être sanctionné disciplinairement."), tout prisonnier est légalement obligé d'exercer un travail.

Au Centre pénitentiaire de Luxembourg, CPL en abrégé, à Schrassig, il existe différents ateliers dans lesquels les détenus peuvent travailler: cuisine, garage, ateliers pour femmes, ateliers polyvalents, peinture en bâtiments, serrurerie, menuiserie, jardinage et blanchisserie hospitalière. Ces emplois appartiennent quasiment tous à la prison, seule la blanchisserie hospitalière est une entreprise externe.

Au Centre pénitentiaire de Givenich, CPG en abrégé, les choses sont un peu différentes.  
Il y existe bien des ateliers internes à la prison, consacrés à la cuisine, l'agriculture, le jardinage, la peinture en bâtiments, l'électricité, la serrurerie, le chauffage et la plomberie, mais là, le détenu, qui est en régime de semi-liberté, peut également travailler pour des entreprises externes, où il gagne alors le salaire minimum légal.

Que gagne-t-on en prison?

Le salaire des détenus est fixé par la loi et est compris entre 2,05 et 4,75 euros de l'heure. A titre de comparaison, le salaire minimum non qualifié se situe actuellement autour de 15,25 euros de l'heure soit 2.637,79 euros par mois.

Le revenu dépend ici de plusieurs aspects. Dans des cas déterminés, les détenus ont droit à une indemnité en cas de maladie. Il faut y ajouter un montant forfaitaire que perçoivent presque tous les détenus, qu'ils travaillent ou non. Il s'élève à 2,50 euros par jour. Seuls les détenus qui sont en semi-liberté au Centre pénitentiaire de Givenich et vont travailler à l'extérieur, ne perçoivent pas cette indemnité.

L'administration pénitentiaire précise encore que les détenus perçoivent l'intégralité de leur salaire et n'ont rien à céder à quiconque. Ils peuvent aussi disposer librement de leur salaire. Ils peuvent donner l'argent à leur famille, dédommager leur victime, payer leurs frais de justice. Ils ont également la possibilité de s'acheter des choses supplémentaires en prison. L'administration pénitentiaire leur en fournit déjà diverses, comme des articles d'hygiène et trois repas par jour. Avec leur argent, ils peuvent acheter des denrées alimentaires supplémentaires ou des produits d’hygiène de différentes marques. L’argent peut également être utilisé pour téléphoner.

Les prix de vente en prison correspondent exactement aux  prix d'achat payés aux grossistes, explique l'administration. Les détenus peuvent même bénéficier d'éventuelles réductions, si celles-ci sont accordées. Les cigarettes sont l'exception. Le CPL dispose d'un magasin fixe, où les détenus peuvent faire leurs courses. Au CPG, il existe un service de livraison deux fois par semaine.

Le travail en prison ne compte pas pour la pension

Le travail effectué par un détenu en prison ne sera pas pris en compte dans le calcul de sa pension. S'il est licencié, il n'a pas droit non plus au chômage et il ne perçoit pas automatiquement le REVIS. C'est en fonction de sa situation administrative qu'il pourra toucher le REVIS et il devra effectuer différentes démarches pour l'obtenir, indique l'administration pénitentiaire.

Conclusion: ni l'employeur ni le centre pénitentiaire n'y gagne un euro

La critique selon laquelle les prisonniers sont mis au travail et l'employeur s'enrichit n'est donc pas avérée. Aucune part du salaire du détenu n'est retenue et celui-ci peut faire ce qu'il veut de l'argent qu'il a gagné. Le salaire horaire du détenu ainsi que les autres indemnités sont fixés par la loi et varient en fonction du nombre d'heures travaillées par mois. Bien entendu, avec un maximum de 4,75 euros, celui-ci est nettement inférieur à celui qui a cours hors des murs des prisons, où le salaire minimum non qualifié est d'environ 15,25 euros de l'heure.