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Plombé par des querelles d'actionnaires et une reprise en main par les instances du circuit masculin, le Moselle Open vit samedi à Metz sa dernière journée avant de disparaître du calendrier ATP.
Si le tournoi lorrain créé en 2003 n'est qu'un ATP 250, soit la catégorie d'épreuves la moins prestigieuse du circuit principal, il compte de célèbres vainqueurs à son palmarès, comme Novak Djokovic ou Jo-Wilfried Tsonga.
L'ultime nom de la liste sera celui du Britannique Cameron Norrie (30 ans, 27e mondial, cinq titres depuis le début de sa carrière) ou du jeune Américain Learner Tien (19 ans, 38e mondial, aucun titre), qui s'affronteront en finale samedi (16h30).
La disparition du tournoi mosellan du calendrier ATP trouve ses sources en 2022, quand la société SAS Open de Moselle (24 actionnaires détenteurs de la date du tournoi depuis 2009) souhaite faire entrer Jo-Wilfried Tsonga et Thierry Ascione dans l'actionnariat en vendant à leur société All In Moselle près de 73% du capital.
Quatre actionnaires minoritaires s'y opposent et saisissent la justice.
L'un d'entre eux, Éric Lucas, juge que les autres actionnaires "voulaient vendre le tournoi pour qu'il parte ailleurs". En 2016, les difficultés financières du tournoi avaient fait naître un premier projet de délocalisation en Asie, ajoute celui qui est aussi adjoint au maire de Metz, chargé des finances.
Par conséquent, les actionnaires minoritaires ont "exercé en 2022, comme nous l'avions fait en 2016, notre droit de préemption parce que nous voulions garder le tournoi à Metz", poursuit-il.
Le directeur du tournoi, Julien Boutter, réplique que rien n'interdisait aux actionnaires de l'Open de Moselle de faire entrer au capital "quelqu'un d'extérieur", "pour le bien de la société".
Pour lui, ce droit d'élargir l'actionnariat du tournoi prime sur le droit de préemption des actionnaires minoritaires.
"Moins de tournois"
Saisies par les actionnaires minoritaires, la chambre commerciale du tribunal de Metz puis la cour d'appel de la cité lorraine ont validé la cession des parts à All In Moselle, avant qu'Eric Lucas n'annonce en février 2025 un pourvoi en cassation.
"Parce qu'il y a ce conflit au sein de l'actionnariat, l'ATP a dit stop et la date sera supprimée" du calendrier dès 2026, affirme Julien Boutter.
Dès 2024, l'instance qui régit le circuit masculin avait racheté la licence du Moselle Open "pour cinq millions de dollars", selon Eric Lucas.
En acquérant la licence, l'ATP a récupéré le droit d'organiser un nouvel ATP 250 la même semaine que celle durant laquelle se disputait le tournoi de Metz.
Reste à savoir si l'instance en fera usage, alors que son président Andrea Gaudenzi a déjà supprimé plusieurs ATP 250 depuis sa prise de fonctions en 2020.
"On a parfois trois ATP 250 la même semaine, et leur qualité tendait à baisser", estimait l'Italien en octobre lors d'un point presse à Paris. Dans cette catégorie de tournois, ajoutait-il, "la qualité du plateau et des infrastructures doit s'améliorer et ce sera plus facile si on a moins de tournois".
Organisé en septembre jusqu'en 2022, le Moselle Open avait déjà subi une première forme de déclassement en étant décalé à novembre à partir de 2023,l'intercalant entre le prestigieux Masters 1000 de Paris et le Masters ATP, qui réunit les huit meilleurs joueurs de la saison.
Le crochet par la Lorraine n'avait donc rien d'une évidence pour les stars du circuit, souvent essorées par une saison débutée début janvier, voire fin décembre.
La disparition du Moselle Open signe en tout cas la fin d'un évènement au rayonnement économique indéniable.
"Le tournoi disparaît pour des raisons indépendantes de notre volonté", regrette Armel Chabanne, vice-président délégué au sport du conseil départemental de la Moselle. "Une minorité de personnes ont souhaité que le Moselle Open s'en aille et le malheur de tout cela, c'est que le pari a été réussi pour eux", accuse-t-il.
Seuls deux tournois ATP 250 se disputeront donc en France en 2026: Montpellier en février et Lyon en octobre. Organisé par Ascione et Tsonga, le tournoi rhodanien remplacera celui de Marseille, qui était traditionnellement disputé en février.