
© Val Wagner
Comment une sélection de football constituée de jeunes Luxembourgeois s'est transformée en candidat à la qualification pour l'Euro-2024? Nous tentons d'y répondre.
Il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, où le Luxembourg était la risée du football européen, étant classé au même niveau que des équipes comme Saint-Marin, Gibraltar et le Liechtenstein.
Les Lions Rouges avaient l’habitude de terminer derniers de leur groupe à chaque campagne de qualification, et les lourdes défaites – comme une récente déroute 9-0 contre le Portugal – étaient régulières. Pourtant, au cours des dernières années, le vent a tourné. L’équipe internationale masculine luxembourgeoise est maintenant en très grande forme et jouera peut-être le plus grand match de son histoire contre la Géorgie à Tbilissi, le jeudi 21 mars prochain.
Une victoire dans le Caucase donnerait lieu à un match unique au Stade de Luxembourg contre la Grèce ou le Kazakhstan pour décrocher une place à l’Euro 2024 en Allemagne. Un exploit jamais accompli auparavant par l'équipe grand-ducale.
Mais qu’est-ce qui explique cette soudaine montée en puissance ?
Des installations qui se sont améliorées
Les fondements du succès des Lions Rouges remontent à 2005, lorsque l’instance dirigeante du football (la Fédération Luxembourgeoise de Football, FLF) a déménagé à Mondercange, établissant un centre de qualité pour développer les talents luxembourgeois les plus prometteurs, et ce dès leur plus jeune âge.
Des installations d’élite, dont une structure gonflable de 18 mètres de haut avec un terrain chauffé de taille standard en intérieur, offrent aux joueurs la possibilité de s’entraîner à un niveau professionnel toute l’année.
Entre-temps, la fédération a également entrepris un projet visant à repérer les meilleurs talents à travers le pays. À partir de 9-10 ans, les meilleures équipes de jeunes du pays envoient leurs trois meilleurs joueurs aux sélections régionales.
Les joueurs sélectionnées vont ensuite s’entraîner deux fois par semaine pour leurs régions respectives (Nord, Sud, Centre et Est) en parallèle de leurs engagements en club.
Une fois que ces jeunes ont atteint l’âge de 12 ans, les régions sont alors regroupées, le Sud rejoignant le Centre et le Nord s’entraînant avec l’Est. Après les camps d’entraînement, des coupes sont effectuées dans le groupe jusqu’à ce qu’une équipe finale se dégage. Ces joueurs forment l’équipe nationale luxembourgeoise U-13.
À partir de là, les meilleurs jeunes footballeurs du pays deviennent des joueurs de l’académie, ils sont nourris et traités comme des professionnels, avec des navettes qui se rendent chaque jour dans les différentes écoles du pays pour les ramener à Mondercange.
Les talents Martins, Barreiro et Borges
Le centre d’excellence a développé de grands talents au fil des ans, tels que Christopher Martins (Spartak Moscou), Leandro Barreiro (actuellement à Mayence mais transféré à Benfica cet été) et Yvandro Borges (prêté au NEC Nimègue par le Borussia Mönchengladbach).
Aux côtés de ces professionnels confirmés (pour les deux premiers nommés), les équipes de jeunes comptent sur des talents prometteurs, dont David Jonathans (Bayern Munich) et Aiman Dardari (Mayence).
L’époque où l’équipe nationale luxembourgeoise tirait principalement ses joueurs de la ligue BGL est révolue. Aujourd’hui, ses meilleurs talents partent à l’étranger et évoluent au plus haut niveau.
À la base, ce succès est le résultat de la mise en place d’une infrastructure appropriée, créant un environnement propice au développement des athlètes d’élite et permettant aux Lions Rouges de donner davantage d'espoirs à leurs fans.
Le 21 mars pourrait être un jour marquant pour le football luxembourgeois, même s'il ne s'agira que de la première marche, sur les deux qui lui restent, pour se qualifier pour l'Euro-2024. Mais quel que soit le résultat, la perspective de voir un jour le Luxembourg évoluer avec les meilleures nations du football mondial lors d’un tournoi majeur ne cesse de se rapprocher.