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Plusieurs individus ont été arrêtés après le match Bordeaux-Rodez, interrompus après l'attaque d'un joueur et l'interruption du match.
Quatre hommes ont été placés en garde à vue après l'interruption du match Bordeaux-Rodez, crucial pour le dénouement de la Ligue 2 vendredi soir, dont l'agresseur présumé d'un joueur ruthénois, a-t-on appris samedi auprès du parquet.
La police a interpellé ce supporter bordelais qui a reconnu être descendu sur le terrain et avoir poussé au niveau de la gorge l'ailier de Rodez Lucas Buades, au moment où ce dernier fêtait le but de l'ouverture du score à la 22e minute.
Le joueur s'est effondré au sol au pied de la tribune des ultras au stade Matmut Atlantique, tandis que l'intrus a été rapidement maîtrisé par les services de sécurité du club.
Selon l'arbitre Nicolas Rainville, qui a décidé de l'arrêt définitif du match, Lucas Buades souffrait d'une commotion.
Le supporter impliqué, âgé d'une quarantaine d'années, a été placé en garde à vue pour "pénétration sur une aire de jeu d'enceinte sportive portant atteinte à la sécurité des personnes", puis pour "violences avec préméditation ayant entraîné une incapacité de travail (ITT) inférieure à huit jours", a détaillé le parquet de Bordeaux à l'AFP.
"Il a reconnu les faits et a présenté des excuses. Il a dit avoir un peu "disjoncté" et avoir eu le sentiment d'avoir été nargué", a déclaré Olivier Étienne, procureur de la République adjoint. "Au terme de l'enquête, nous donnerons une réponse pénale à ces faits (...) C'est un comportement inadmissible, c'est une violence qui n'a pas sa place."
Selon le quotidien Sud Ouest, le mis en cause est un habitant... d'Annecy, autre club "victime" des événements de la soirée puisque si la victoire de Rodez était entérinée, la formation haut-savoyarde serait reléguée en National.
Les autres gardes à vue concernent un homme ayant outragé et frappé un stadier, ainsi que deux spectateurs ayant pénétré sur l'aire de jeu, une infraction de moindre gravité. Ces derniers ont été relâchés samedi, a précisé Olivier Étienne.
Les supporters s'excusent
Selon le parquet, Lucas Buades n'a été examiné que par le médecin de son club et un médecin urgentiste présent au stade ; un examen médical ultérieur devrait établir la durée exacte d'une éventuelle ITT. Le joueur, qui ne s'est pas rendu à l'hôpital, est reparti avec ses coéquipiers dans le car de Rodez.
Samedi, seule une plainte des Girondins de Bordeaux avait été déposée. Dans un communiqué, le groupe de supporters des Ultramarines reconnaît que l'agresseur présumé est bien l'un de ses membres, fréquentant le Virage Sud "depuis 30 ans".
"Notre camarade, connu pour son calme et sa mesure, avait fait, comme d'autres, des centaines de kilomètres pour voir le match. La passion a pris le dessus sur la raison", écrivent les ultras bordelais en présentant leurs "sincères excuses" pour ce "cauchemar".
Ils regrettent néanmoins la décision d'arrêt définitif du match, "largement disproportionnée" à leurs yeux, remettant en cause "la prétendue gravité de la blessure" de Lucas Buades.
Décision lundi sur l'issue du championnat
La Ligue de football professionnel (LFP) réunira lundi sa Commission de discipline pour étudier les suites à donner à l'arrêt de cette rencontre, décisive pour la montée côté girondin, pour le maintien côté ruthénois.
Avec la promotion du Havre (1er, 75 pts) et la victoire de Metz (2e, 72 pts) vendredi soir, Bordeaux (3e, 69 pts) est désormais suspendu à cette procédure disciplinaire et peut craindre une décision qui torpillerait ses rêves de remontée dans l'élite. Si le match est rejoué, Bordeaux devrait l'emporter par cinq buts d'écart pour espérer passer devant Metz, quasi-certain d'être promu.
Annecy attend également de connaître la décision de la Ligue: le club serait relégué dans le championnat de National, le troisième échelon du football français, si les trois points de la victoire sont accordés à Rodez, qui arracherait par la même occasion son maintien en L2.