Deuxième du World Marathon Challenge, le coureur de Leudelange a levé des fonds pour la recherche contre le cancer.

Lorsqu’on leur a demandé à l’aéroport de Miami s’ils avaient fait d’autres voyages dans le mois, ils ont bien ri. La cinquantaine de fondus venait juste de boucler six marathons en six jours sur six autres continents. Parmi eux, Pit Van Rijswijck. Le citoyen de Leudelange s’est lancé à l’assaut de ce challenge XXL avec un double objectif en tête. Le premier relevait de l’affectif car il avait promis à son papa, Tun, parti trop tôt des suites d’un cancer du cerveau, de courir pour la recherche. Le second était de se mesurer sportivement à ces autres forçats du bitume.

De retour au pays depuis presque deux semaines, le sportif de 36 ans se porte comme un charme et fut à la hauteur de ses attentes. «J’ai collecté environ 100.000 euros qui seront reversés à la Fondation Cancer (https://runningagainstcancer.lu) qui m’a accompagné durant tous ces mois. Je suis en train de finaliser ces dons. Et sur le plan sportif, j’ai fini deuxième

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© Collection privée

Une sacrée performance pour celui qui s’est préparé pendant plus d’un an à ce défi hors-norme qu’est le World Challenge Marathon. «J’ai simulé trois marathons en trois jours, j’ai couru 30 km par jour pendant sept jours et les trois derniers mois ont ressemblé à la préparation d’un marathon normal avec une centaine de kilomètres par semaine.» C’est dire si la campagne et les bois du pays n’ont plus le moindre secret pour lui.

Ce sont davantage les conditions que la distance que l’athlète appréhendait car il a fallu jongler avec des écarts de température impressionnants. «On a débuté le challenge en Antarctique car c’est là que la météo est la plus capricieuse. Il faut se tenir prêt un ou deux jours à l’avance et se lancer lorsque le vent le permet. Une fois parti, le chrono tourne et les six autres marathons s’enchaînent en six jours.»

CHOC THERMIQUE

Des -10°C du Pôle Sud aux 30°C de l’Afrique du Sud, vive le choc thermique! On enlève une couche et on sort la crème solaire. Et ça continue par l’Australie (Perth) puis l’Asie (Dubaï), l’Europe (Madrid), l’Amérique du Sud (Fortaleza) et enfin les Etats-Unis (Miami). Le tout à la moyenne de 3h24’’54 pour celui qui terminera deuxième derrière l’intouchable américain David Kilgore (2h56’) et devant Paul Box (3h25’43’’).

«Ça s’est joué à rien avec lui pour la deuxième place. Il a tenté de faire la différence au Brésil en partant plein pot mais j’ai bien géré la situation avec un taux d’humidité record», raconte Pit. Les coureurs de l’extrême s’ébrouaient sur un circuit de 5 à 8 km et l’esprit de solidarité n’a jamais quitté les rangs. «Les premiers arrivés apportaient les bagages des autres à l’aéroport et débutaient déjà l’enregistrement.» L’avion russe, affrété pour l’occasion, décollait ensuite pour quelques heures de vol.

L’envergure de ce challenge peut heurter les esprits écologiques dans un monde appelé à devenir de plus en plus vert. Pit en a bien conscience. «Je suis le dernier à négliger la chose. Je roule en voiture électrique, j’ai des panneaux solaires à la maison et la géothermie m’interpelle. Mais on a tous agi pour la bonne cause. Moi pour la recherche contre le cancer, d’autres pour Alzheimer, d’autres encore pour Parkinson. En tout, on a levé 3 millions d’euros» justifie celui qui travaille au Foyer, l’une des entreprises qui ont soutenu ce père de famille dans sa quête.

«Je n’ai jamais cédé au découragement. Je savais pourquoi j’étais là.» Et la famille est venue donner un petit coup de pouce au moral à Madrid. «Mes enfants m’ont fait comprendre que c’était un peu long quand même. Je ne le referai plus.» Mais ne comptez pas sur Pit pour qu’il délaisse ses chaussures de course. Une semaine après cet exploit, il n’avait plus mal aux jambes et le soleil qui venait fendre cet hiver l’aurait presque incité à retourner courir dans la campagne.