
© ANNA KURTH AFP
À 82 ans, l'artiste britannique a prouvé sur la scène de la Défense Arena qu'il est le seul musicien au monde à pouvoir emporter un public aussi hétéroclite. Jupiter, c'est lui !
Qu'est-ce qui relie un cheminot retraité à un jeune banquier ambitieux ? Qu'ont en commun une gardienne de prison et une étudiante en sociologie ? Un grand-père actif et un lycéen introverti ?
On serait tenté de parier sur une religion et d'une certaine façon, on n'aurait pas tout à fait tort. Car les 40.000 personnes réunies deux soirs de suite - 80.000 en tout -, mercredi et jeudi à la Défense Arena à Paris, partageaient en quelque sorte le même culte : l'amour des chansons de Paul McCartney, écrites avec les Beatles, les Wings ou en solo.
Mais le maître de cérémonie n'a rien d'un gourou et n'abuse pas de son pouvoir. Plutôt, il s'amuse de pouvoir encore jouer avec tant d'aisance au sein de son groupe, des chansons écrites pour certaines il y a plus de 65 ans.
Et s’il évite d’être trop solennel et de tomber dans le pathos, Paul McCartney peut compter sur les mélodies pour susciter des émotions fortes dans le public. Quand il rend hommage à ses anciens partenaires au sein des Beatles, à John Lennon en interprétant Now and Then, à George Harrison à travers une superbe version de Something. Le passage le plus périlleux du concert pour l'octogénaire est sans doute ce moment où, seul sur scène avec sa guitare acoustique, il enchaîne Blackbird et Here Today, titre écrit juste après la mort de John Lennon en forme de lettre posthume. Et c’est une gageure d’interpréter une chanson aussi ambitieuse sur le plan mélodique avec la voix un peu éraillée d’un homme avec plus de 80 printemps au compteur. Mais il en faut plus pour faire trembler le maestro.
36 chansons jouées quasiment sans pause
Il faut vraiment être particulièrement aigri pour ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme transgénérationnel provoqué par l’enchaînement des titres, pour ne pas être ému par ces jeunes filles d’une vingtaine d’années qui connaissent par cœur les paroles de I’ve Just Seen A Face, qui n’est pourtant pas un standard des Beatles, ne pas être attendri par ce vieux monsieur qui vous aborde devant la salle, après le concert, pour vous demander quels titres ont été joués lors du rappel, car vraiment le concert était trop long pour lui.
Car il faut souligner la performance : 36 chansons jouées quasiment sans pause pendant lesquelles Paul McCartney s’illustre au chant, évidemment, à la basse, à la guitare, au piano, à la mandoline ou au ukulélé.
Tandis que 40.000 personnes entonnent les lalala de Hey Jude, Sir Paul pourrait se laisser griser par ce statut de rock star parmi les rock stars, demi-dieu de la scène pop. Il n’en est rien, l’artiste persiste à se présenter comme un artisan pour lequel les choses ont particulièrement bien tourné.
Mais quand même, alors que The Royal Mint, l'agence officielle qui frappe la monnaie britannique, a lancé ce vendredi une collection de pièces de cinq livres en l'honneur de Paul McCartney, l'ex-Beatle est attendu lors d’un autre événement. Il fait partie des personnalités du monde de la musique pressenties pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris ce weekend. Et il pourrait faire concurrence à quelques divinités…