Accusé de tenir des propos "ouvertement antisémites et empreints d'une admiration pour la personne d'Adolf Hitler et le IIIe Reich", le rappeur Freeze Corleone fait polémique en France. Son concert prévu ce soir à la Rockhal vient d'être reporté.

"De son vrai prénom Issa, Freeze Corleone a créé un univers artistique sulfureux avec des codes mystérieux" écrit la Rockhal dans une présentation du rappeur.

"Sulfureux", c'est le cas de le dire : le rappeur est accusé par les autorités françaises de tenir des propos "ouvertement antisémites et empreints d'une admiration pour la personne d'Adolf Hitler et le IIIe Reich".

Le rappeur devait justement se produire ce vendredi 16 février au Luxembourg, à la Rockhal, mais cette dernière vient d'informer sur son site internet que le concert n'aura pas lieu "et sera reporté à une date ultérieure. L’équipe de la Rockhal et le management de l’artiste travaillent actuellement à la reprogrammation du concert. Les billets resteront valables pour la date à venir. Les détenteurs de billets seront informés par e-mail de tout changement concernant ce concert."

"Apologie du terrorisme"

La justice française a donc confirmé ce jeudi l'interdiction d'un concert, prévu le soir-même à Lille (nord de la France), du rappeur controversé, visé par une enquête pour "apologie du terrorisme".

A 20h, heure initialement prévue du concert, environ 80 personnes attendaient dans le calme devant la salle de spectacles, espérant pour certaines croiser le rappeur malgré l'interdiction, pour d'autres que le concert ait tout de même lieu, a constaté un journaliste de l'AFP. "Même si on est venu pour rien, ça montre le soutien à l'artiste", a assuré à l'AFP Célia Poulain, 31 ans, venue de Rouen pour ce concert.

Son interdiction par les autorités françaises a été confirmée jeudi après-midi par le tribunal administratif de Lille, qui a jugé qu'elle ne portait "pas une atteinte grave à la liberté d'expression" car "le risque de troubles à l'ordre public" était "suffisamment établi", selon un communiqué.

Le tribunal note que "plusieurs titres" que Freeze Corleone devait interpréter "comportent des appels à la violence qui sont de nature à inciter à la haine (...) contre des personnes nommément identifiées".

Il rappelle que, par le passé, le rappeur de 31 ans, suivi par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, n'a pas respecté des engagements pris devant la justice à ne pas chanter certains morceaux.

"On fait un échantillonnage disparate des propos qui peuvent choquer le bourgeois", s'est insurgé à l'audience jeudi matin l'avocat du rappeur, Sanjay Mirabeau.

Après la décision, il a annoncé saisir le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, mais celui-ci n'avait pas statué à l'heure annoncée de début du concert.

Jeudi après-midi, une seconde audience, cette fois à Lyon (centre-est), a porté sur l'interdiction par les autorités françaises d'un concert prévu samedi. La décision est attendue vendredi.

Pour les autorités françaises, les paroles de plusieurs chansons du rappeur, Issa Lorenzo Diakhaté de son vrai nom, contiennent "des propos ouvertement antisémites et empreints d'une admiration pour la personne d'Adolf Hitler et le IIIe Reich".

Elle pointent également des paroles faisant "l'apologie" du terrorisme, à travers une référence à l'attentat de Nice (sud) du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, qui a fait 86 morts et des centaines de blessés.

Ces paroles ont entraîné l'ouverture d'une enquête préliminaire à Nice pour apologie du terrorisme.