Les 24 personnalités politiques de premier plan testées, parmi lesquelles figuraient la commissaire européenne à l'environnement Jessika Roswall et le ministre danois de l'environnement Magnus Heunicke, se sont toutes révélées contaminées par des PFAS.

Pour la moitié des dirigeants européens, la contamination dépassait les niveaux au-delà desquels des effets sur la santé ne peuvent être exclus.

Six des PFAS détectés sont déjà réglementés en Europe, ce qui souligne leur impact durable et la menace constante qu'ils représentent pour la santé humaine et l'environnement.

Menée par le ministère danois de l'Environnement et de l'Égalité des sexes, en collaboration avec le Bureau européen de l'environnement (BEE) et ChemSec, cette initiative audacieuse révèle la contamination généralisée par les PFAS et devrait encourager les dirigeants de l'UE à réagir rapidement à l'urgence croissante de cette crise de pollution.

Entre trois et huit substances chimiques PFAS – sur les 13 analysées – ont été détectées dans le sang de tous les fonctionnaires européens testés, le PFOS (qui a été réglementé en 2008) présentant les concentrations les plus élevées (jusqu'à 17,19 ng/ml).

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Résultat effrayant, espoir et alternatives dangereuses

Toutes les personnes testées présentaient un niveau total d'exposition aux PFAS supérieur à 2 ng/ml, seuil au-delà duquel un suivi médical spécifique est recommandé par les Académies nationales américaines.

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Mais il y a aussi des raisons d'espérer. L'une des dirigeantes de l'UE, Leena Ylä-Mononen, directrice exécutive de l'Agence européenne pour l'environnement, qui avait précédemment fait tester son sang, a montré une baisse de ses niveaux de PFAS, reflétant les tendances observées parmi la population européenne pour les PFAS soumis à restriction.

Ces résultats soulignent à la fois l'urgence et l'opportunité qui s'offrent aux décideurs politiques européens. Alors que les restrictions existantes sur les PFAS commencent à réduire l'exposition, les nouveaux PFAS et les PFAS de substitution continuent de s'accumuler dans le sang des personnes, avec des concentrations de certains composés en forte augmentation. Cela souligne la nécessité de restrictions générales, basées sur des groupes, afin d'éviter des substitutions regrettables, où les entreprises remplacent un produit chimique nocif réglementé par une autre alternative non réglementée (et potentiellement tout aussi nocive).

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Le nettoyage de la contamination existante pourrait coûter à l'UE jusqu'à 2.000 milliards d'euros au cours des 20 prochaines années, sans compter les 52 à 84 milliards d'euros supplémentaires de coûts annuels liés à la santé. Il est à la fois possible et rentable de prévenir une nouvelle pollution grâce à une législation stricte.

L'Union européenne se trouve à un tournant décisif dans le contrôle des produits chimiques dangereux.

D'une part, elle se prépare à réviser son cadre réglementaire (REACH) et, d'autre part, elle examine la proposition de "restriction universelle des PFAS" présentée par cinq États membres.

Aujourd'hui, le Bureau européen de l'environnement, ChemSec et plus de 100 organisations à travers l'Europe ont lancé le manifeste Stop PFAS, exhortant les dirigeants de l'UE à agir en soutenant la restriction universelle de ces substances nocives. Les citoyens de l'UE ne devraient pas avoir à se contenter d'une interdiction partielle des produits de consommation. Les retards et les lacunes ne feront que prolonger la crise de la contamination et augmenter les risques pour la santé et les coûts de dépollution pour les générations futures.

Témoignages autour du Luxembourg

Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, de la Biodiversité, des Forêts, de la Mer et de la Pêche: "Les résultats de mon test sanguin illustrent une conclusion scientifique claire : les PFAS affectent l'ensemble de la population. Ils démontrent la contamination généralisée de notre environnement par ces substances persistantes. Plusieurs PFAS ont été détectés dans mon organisme. Et même si, dans mon cas, les concentrations mesurées sont inférieures aux seuils de sécurité connus à ce jour, leur simple présence nous rappelle l'urgence de réduire l'utilisation de ces substances dans notre vie quotidienne. La France est déterminée à identifier les sources de contamination, à protéger sa population et à développer sa réglementation sur ce sujet. Ces substances n'ont pas leur place dans notre environnement ni dans notre organisme".
 
Jean-Luc Crucke, ministre belge de la Mobilité, du Climat et de la Transition environnementale, chargé du Développement durable: "Il est dramatique de constater que, malgré les interdictions existantes, les PFAS sont toujours présents dans notre sang. Cela montre que ces « produits chimiques éternels » ne sont pas seulement un héritage du passé, mais une menace permanente pour notre santé et notre environnement. La Belgique soutient pleinement l'ambition de l'Union européenne d'éliminer progressivement les PFAS, mais nous pensons que le processus doit être accéléré. Nous devons à nos citoyens d'agir plus rapidement, de combler les lacunes et de veiller à ce que les pollueurs soient tenus responsables. Plus nous attendons, plus les coûts sont élevés et plus les risques pour les générations futures sont importants".