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Les partenaires sociaux ont été conviés par le gouvernement à négocier pour faire des économies sur l'assurance chômage. Des règles qui, si elles étaient revues, concerneraient évidemment les frontaliers français, puisqu'ils qui dépendent de leur pays de résidence.
Les partenaires sociaux sont invités par le gouvernement à dégager de 2 à 2,5 milliards d'euros d'économies par an en moyenne sur l'assurance chômage entre 2026 et 2029, dans le cadre de négociations dont il vient de fixer la feuille de route et qui sont déjà critiquées par les syndicats.
Cette lettre de cadrage, envoyée vendredi par le Premier ministre François Bayrou et consultée samedi par l'AFP, propose d'ouvrir une négociation en ce sens et de parvenir à un accord d'ici le 15 novembre, avec l'objectif d'atteindre entre "2 milliards d'euros et 2,5 milliards d'euros" d'économies par an en moyenne au cours des quatre prochaines années, "avec une montée en charge progressive".
Le but sera d'atteindre "a minima 4 milliards d'euros d'économies en régime de croisière à partir de 2030", ajoute le document, confirmant des montants évoqués mi-juillet.
Estimant qu'"il faut travailler plus", M. Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur le sujet pour participer à l'effort budgétaire.
Le gouvernement veut un chômage moins avantageux
"La situation financière du régime de l'assurance chômage et la nécessité de travailler plus nombreux rendent nécessaire une évolution des règles de l'assurance chômage", écrit le Premier ministre dans sa lettre accompagnant le document de travail.
Afin de "favoriser le retour rapide à l'emploi", le document précise qu'il faudra "modifier la durée minimale d'emploi et la période de référence nécessaire à l'ouverture d'un droit au chômage qui détermine la durée maximale d'indemnisation".

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La France est "l'un des pays de l'Union européenne où les conditions d'indemnisation sont parmi les plus favorables et présente une durée maximale d'indemnisation plus élevée que la moyenne européenne", assure le Premier ministre.
Dans le même objectif d'accélérer le retour sur le marché du travail, le document précise qu'il sera nécessaire de"renforcer les incitations" envers les personnes ayant conclu une rupture conventionnelle et d'"examiner l'opportunité d'adapter" les incitations de retour à l'emploi selon le niveau de rémunération et le montant de l'allocation.
Le chef du gouvernement ajoute qu'il faudra en outre "intensifier l'effort" réalisé pour le retour à l'emploi des séniors.
"Budget 2026 : les travailleurs et les travailleuses ne se laisseront pas faire !", a réagi dans un communiqué l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC) qui dénonce"une attaque en règle des droits des travailleurs et travailleuses" en plein milieu de l'été.
"C'est un saccage totalement inadmissible", a par ailleurs déclaré le représentant de la CGT Denis Gravouil auprès de l'AFP. Le syndicaliste a dénoncé"un plan d'économies violent" qui touchera "les plus précaires, en allongeant la durée de travail nécessaire pour prétendre à l'ouverture des droits au chômage", mais aussi "les personnes en CDI qui ont perdu leur emploi en raison de la réduction de la durée d'indemnisation annoncée". "Nous allons tout faire pour faire capoter ce projet, si ce gouvernement se maintient", a prévenu le cadre syndical.
Les syndicats décideront début septembre
Cette nouvelle réforme intervient alors que les partenaires sociaux ont conclu un accord en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril de cette année.
Avant une réunion en intersyndicale le 1er septembre pour étudier les suites à donner aux annonces du Premier ministre, FO a déjà appelé à la "mobilisation et à la grève" et déposé un préavis du 1er septembre au 30 novembre.
Reste donc à savoir si ces négociations aboutiront, ou même si elles auront lieu. Faute de quoi le gouvernement reprendra la main et imposera ses règles.
En juin 2024, une réforme portée par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, rejetée par les syndicats, prévoyait elle aussi de durcir les conditions d'accès et les règles d'indemnisation. Elle avait toutefois été suspendue en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale.