Au moins 70 mineurs sont morts samedi dans un effondrement survenu dans une mine de cobalt située dans le sud de la République démocratique du Congo, où les opérations de recherche se poursuivent.

La RDC produit plus de 70% du cobalt mondial, un métal essentiel pour les batteries utilisées dans l'électronique et les voitures électriques. La majeure partie en est extraite dans des mines industrielles géantes, mais on estime que plus de 200.000 personnes travaillent comme creuseurs dans des sites illégaux.

L'accident s'est produit samedi sur le site minier de Kalando, situé dans la carrière de Mulondo, officiellement exploitée par la société Pajeclem, à environ 42 kilomètres au sud-est de la ville de Kolwezi, capitale de la province de Lualaba, selon les autorités locales.

"Malgré l'interdiction formelle d'accès au site en raison des fortes pluies et des risques d'éboulement, les creuseurs clandestins ont forcé l'entrée dans la carrière", a assuré Roy Kaumba Mayonde, ministre provincial de l'Intérieur, dans une déclaration à la presse.

La "traversée précipitée des creuseurs" a provoqué l'effondrement d'un pont artisanal, qu'ils avaient construit pour traverser une tranchée inondée délimitant le site, a ajouté ce responsable.
"A ce jour, 70 corps sans vie ont été repêchés", a-t-il dit, précisant que les opérations de recherche "se poursuivent".

Mouvement de panique 

Un rapport du Service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (Saemape)- un organisme gouvernemental chargé d'apporter une assistance technique et financière aux coopératives minières - consulté par l'AFP dimanche, a évoqué un mouvement de panique causé par des militaires présents sur le site.

"Dans leur chute", les mineurs se sont "entassés les uns sur les autres, causant des blessures et des morts", indique le document.
Des images transmises à l'AFP par le bureau provincial de Commission Nationale des droits de l'homme(CNDH), un institut public, montrent des mineurs en train d'extraire des corps entassés au fond de la tranchée, et aux moins dix-sept corps allongés sur le sol à proximité du lieu de l'accident.

Les autorités provinciales ont annoncé dimanche la suspension des activités sur le site. "Plusieurs sociétés minières de notre pays sont souvent victimes de ce type d'invasion par des creuseurs clandestins", a fustigé le ministre provincial de l'Intérieur.

Les accusations portant sur le travail des enfants, les conditions de travail dangereuses ainsi que sur la corruption dans le secteur artisanal pèsent sur l'ensemble de l'industrie du cobalt en RDC.

Plaintes 

"Plus de 10.000 creuseurs artisanaux sont présents sur le site de Kalando", a assuré à l'AFP Arthur Kabulo, coordinateur de la CNDH dans la province de Lualaba. Selon le rapport du Saemape, le site de Kalando fait l'objet depuis plusieurs mois d'un contentieux entre les creuseurs artisanaux et une coopérative minière censée les encadrer, ainsi que les exploitants du site.

La mine de Kalando est un site "d'exploitation semi-industrielle", assurée par "un partenaire chinois du nom de Pan Kai lequel, pour des raisons sociales, aurait autorisé l'accès" aux mineurs artisanaux "chaque samedi et dimanche", relate ce rapport.

Le Saemape dit avoir sollicité l'encadrement des mineurs artisanaux par la coopérative minière Kany Mining (Comikam).
Mais cette coopérative et les mineurs artisanaux ont été "selon leurs termes, chassés par des éléments armés" et "les deux parties avaient saisi les autorités provinciales", affirme le document.

La Comikam avait adressé début mars une plainte aux autorités provinciales et au Saemape, jointe au rapport, fustigeant l'occupation "illégale" du site par des "individus, en particulier des militaires".

Les creuseurs du site avaient, de leur côté, adressé une autre plainte au Saempae, datée du 10 mars, accusant la Comikam de les avoir "chassés du site pour travailler avec les engins du partenaire J.M.J", décrit comme un "partenaire chinois" par le Saempae.

Ces creuseurs avaient également assuré avoir été "victimes d'arrestation sur le site" par des militaires, avant d'être relâchés deux jours plus tard "sans cause ni motif".

Un glissement de terrain terrifiant s'est produit dans une mine de cuivre semi-industrielle à Kawama , Lualaba, en République démocratique du Congo, le samedi 15 novembre 2025.
Le pont s'est effondré samedi sur une zone inondée de la mine de la province de Lualaba, a déclaré aux journalistes Roy Kaumba Mayonde, ministre provincial de l'Intérieur. Il a précisé que 32 corps avaient été repêchés et que les recherches se poursuivaient.
Selon les autorités de la SAEMAPE, l'agence congolaise chargée de la protection des mines artisanales, l'effondrement a fait de nombreux morts et blessés.

Au moins 70 travailleurs ont péri, et un nombre indéterminé d'autres ont été hospitalisés dans un état critique. Les autorités locales ont confirmé ce bilan, mais les équipes de secours sont toujours en train de vérifier les chiffres définitifs.

Selon la SAEMAPE, la tragédie a été provoquée par la panique qui s'est emparée de la zone minière. La panique aurait débuté après des coups de feu, vraisemblablement tirés par des militaires stationnés sur le site pour des raisons de sécurité, selon Reuters. Effrayés, les mineurs ont tenté de fuir et se sont entassés sur un pont étroit. Ce dernier n'a pas résisté à l'afflux soudain de personnes et s'est effondré.

Dans un communiqué publié dimanche, la SAEMAPE a déclaré : "Des mineurs se sont entassés les uns sur les autres, provoquant des blessures et des décès." Le ministre provincial de l'Intérieur de Lualaba, Roy Kaumba, a déclaré lors d'une conférence de presse télévisée que 32 décès avaient été officiellement confirmés à ce jour. Les équipes de secours étaient mobilisées tout au long de la journée de dimanche, s'efforçant de retrouver des survivants et de déterminer le nombre exact de victimes.

L'exploitation minière artisanale est une source majeure de revenus au Congo. Entre 1,5 et 2 millions de personnes y travaillent, et plus de 10 millions en dépendent indirectement.