Peut-on vraiment partir en vacances en voiture électrique ?

Il est loin le temps où faire un long trajet avec une voiture électrique relevait du parcours du combattant. L'Europe a dépassé le cap du million de bornes de recharge publiques cet été. Il est désormais très facile de recharger sa voiture presque partout sur le vieux continent. En particulier sur les autoroutes, qui comptent plus de 100.000 chargeurs ultra rapides.

Les conducteurs de voitures électriques peuvent désormais raccourcir considérablement leurs pauses avec un "plein" de 10% à 80% en moins de 20 minutes. Charger au-delà de 80% sur autoroute n'est pas une bonne idée, car la charge des derniers 20% dure aussi longtemps que la charge de 10 à 80 %.

Des bornes (presque) partout

Environ deux bornes sur cinq sont installées dans trois pays : les Pays-Bas, l’Allemagne et la France (chiffres EAFO 2024). Les Pays-Bas sont les champions incontestables avec 193.040 stations au total. Viennent ensuite l'Allemagne (173.363) et la France qui rattrape rapidement son retard avec 169.311 bornes, soit une augmentation de 30 % en un an. Ces 3 pays totalisent à eux seuls plus de 40% de l'ensemble des bornes européennes.

Avec près de 3.000 points de recharge accessibles au public pour une flotte totale de plus de 30.000 voitures électriques immatriculées, le Luxembourg offre un des réseaux de recharge les plus denses de l’Union européenne.

En règle générale, tous les pays du nord se prêtent aux vacances en voiture électrique. En Norvège, vous bénéficiez même d'avantages comme le stationnement gratuit. 
Mais certains pays sont encore sous-dotés en bornes de recharge. En Espagne, en Roumanie et au Portugal par exemple, le nombre de stations de recharge est encore limité. Mieux vaut donc un peu préparer son voyage. Mais la plupart des véhicules modernes permettent de planifier les trajets. Et sinon de nombreuses applications comme Charge Map proposent des planificateurs d'itinéraires.
Notons que certains pays sont encore assez mal équipés en bornes de recharge électriques, surtout dans l’Est de l’Europe. Ainsi la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Lettonie, la Grèce ou encore Chypre sont relativement pauvres en infrastructures de recharge, sauf sur les grands axes et dans les grandes villes.

L'autonomie a fait de gros progrès

La consommation des voitures électriques est plus élevée sur l'autoroute que sur les routes ordinaires et en ville.
Et en vacances, la voiture est généralement plus chargée que d'habitude. Mieux vaut donc utiliser des voitures aux batteries de 70 kWh ou plus pour faire de longs trajets, ce qui permet d’atteindre environ 400 km avec une charge. Avec une citadine l'autonomie est plus limitée et les charges seront donc plus nombreuses.

La moins chère du marché, la Dacia Spring, annonce 230 km maximum, soit 180 km en conditions réelles d'utilisation. Ce n'est clairement pas le meilleur choix pour de longs trajets.

À l’inverse, les voitures électriques équipées de batteries plus puissantes comme les Tesla Model S, Mercedes EQE et EQS, BMW I7 ou I5, la gamme SUV de Peugeot, les Hyundai Ioniq 5 et 6, ou encore Kia EV 6 annoncent 600 km et parfois jusqu'à 700 km d'autonomie.

Pour être parti en vacances à bord d'une de ces voitures cette année, je peux témoigner que le trajet était à peine plus long qu'avec un modèle thermique. Et les recharges sont des pauses agréables et même un atout du point de vue de la sécurité routière.

Les clichés ont la vie dure

D'après une enquête réalisée par l'IFOP pour Peugeot, 75 % des Français jugent encore difficile de partir en vacances en électrique. Pourtant ils ne sont que 8 % à avoir essayé.  Toujours selon cette étude, pour une grande majorité des Français, la voiture reste de loin le moyen de transport privilégié pour partir en vacances.
86 % y ont recours, contre seulement 37 % pour le train et 30 % pour l’avion. Et ce chiffre grimpe même à 94 % chez les propriétaires de véhicules électriques. Preuve que ce n'est plus un problème aujourd'hui.

Opacité sur les prix

Le premier point négatif souligné par les automobilistes, c'est le manque de clarté sur les conditions tarifaires. Contrairement aux stations essence, les prix ne sont pas visibles de loin dans la majorité des stations électriques. L’Autorité de la concurrence pointe du doigt ce "déficit informationnel des consommateurs concernant le prix de la recharge" et "différentes typologies de recharge qui participent à cette opacité tarifaire".

© Photo par MATHIEU THOMASSET / Hans Lucas via AFP

Lorsqu'on recharge sa voiture électrique à une borne très rapide,  généralement sur l'autoroute, il faut jongler entre les différents opérateurs  existants, avec pour chacun une application à télécharger et un compte à créer. Et les différences de prix peuvent aller du simple au double. Difficile donc pour les automobilistes de s'y retrouver.

Depuis cet été, quatre gros acteurs européens de la charge électrique rapide ont annoncé rendre disponible l'accès aux chargeurs des concurrents depuis leur application, ce qui devrait faciliter le  parcours aujourd'hui compliqué des propriétaires de voitures électriques.
L'Allemand Ionity, le  Néerlandais Fastned, le Français Electra et l'Italien Atlante exploitent 11.000 stations de recharge très rapide, avec une puissance d'au moins 150  kilowatts, qui permettent une recharge en une quinzaine de minutes.
   
Dès cet été, il sera possible depuis l'application de chacun de ces opérateurs de se connecter aux bornes des trois autres, d'y recharger sa voiture et de payer sa consommation sans procédure supplémentaire.

L’Europe travaille actuellement à l’élaboration d’un prix de l'électricité globalisé, aujourd’hui chaque pays et chaque entreprise sont libres de proposer leurs propres tarifs.

Malgré ces quelques désagréments, voyager en Europe en voiture électrique reste une solution attrayante, tant en termes d’écologie que d’économie. 
Bref, rouler à l'électricité, c'est aussi très bien en vacances.