Le nombre d’enfants qui apprendront à lire et à écrire en français à partir de septembre 2027, devrait être grosso modo connu au cours du troisième trimestre de cette année.

Le projet de loi n’a pas encore été voté, mais la généralisation de l’alphabétisation en français, c’est-à-dire l’introduction à l’échelle nationale du "Projet ALPHA – Grandir ensemble", se concrétise de plus en plus. Non seulement les enseignants concernés se voient proposer des formations et des supports pédagogiques sont progressivement élaborés, mais le nombre d’enfants qui apprendront à lire et à écrire en français à partir de septembre 2027, devrait être grosso modo connu au cours du troisième trimestre de cette année. C’est ce qu’a annoncé cette semaine le ministre de l’Éducation, Claude Meisch, aux députés de la Commission parlementaire de l’Education.

Le ministère de l’Éducation a chargé les différentes directions scolaires de mettre en place, avec les comités scolaires locaux et les communes, une sorte d'organisation informelle afin de déterminer dès maintenant où les enfants seront orientés lorsque le projet ALPHA sera lancé progressivement en septembre de l’année prochaine. Claude Meisch explique : "Pour déterminer quels pourraient être, disons, les choix logiques ou probables des parents, afin d’avoir au moins une première indication un an à l’avance sur ce à quoi cela pourrait ressembler l’année suivante, et ensuite prendre contact avec les autorités communales."

Pour l’instant, le ministère estime que la généralisation de l’alphabétisation en français nécessitera 100 salles de classe supplémentaires à l’échelle nationale, et donc 100 enseignants supplémentaires. Une perspective qui continue d’inquiéter sur le terrain. De nombreuses questions pratiques restent également en suspens concernant la mise en application. Le député déi Lénk, David Wagner, a souligné la pénurie actuelle de personnels enseignants, qui fait que beaucoup atteignent déjà leurs limites. Il insiste donc sur l’importance d’un soutien concret aux enseignants.

"Des formations sont proposées. La plupart y participent, car ils prennent leur métier au sérieux. Mais la formation ne suffit pas. À un moment donné, il faut aussi de l’énergie. Cela me semble un peu vague, dire que nous verrons bien, qu’à un moment donné nous les soulagerons de tâches administratives grâce à l’IA."

L'ADR, le seul parti opposé par principe au projet

La seule critique fondamentale de la réforme vient toujours de l’ADR. Le député Fred Keup a cité l’avis négatif de la Chambre des fonctionnaires et employés publics sur le projet de loi pour illustrer, selon lui, l’ampleur de l’opposition à "ALPHA". "Ce sont les personnes qui doivent le mettre en œuvre. Elles n’en veulent pas. Quand on parle de participation, on pourrait aussi demander au personnel enseignant ce qu’il en pense, mais cela n’est évidemment pas fait. Et je suis convaincu, je ne peux pas le prouver, mais je suis convaincu, que si vous organisiez un référendum, ce serait 80-20 contre ce projet."

Les autres députés et le ministre s'accordaient toutefois sur le fait que le projet "Alpha" ne résoudra certainement pas tous les problèmes dans les écoles, mais qu’il pourrait au moins contribuer à une plus grande égalité des chances en matière de langue. Depuis des années, les épreuves de l’Université du Luxembourg montrent que les écarts scolaires se creusent justement après l’alphabétisation, a répété Claude Meisch en commission. Et ce, au détriment de nombreux enfants issus de l’immigration. Ce n’est pas seulement une souffrance individuelle, mais aussi une perte de potentiel pour l’ensemble de la société.

Les enfants seront tous être réunis à nouveau au cycle 4.2.

Pour rappel : le projet "ALPHA – Grandir ensemble" doit être introduit progressivement à partir de la prochaine rentrée et jusqu’en 2030, en commençant par le cycle 1 pour l’année scolaire 2026/2027. L’objectif de l’alphabétisation en français est, et reste, d’amener les enfants, jusqu’au cycle 4.2 (anciennement la 6e année scolaire), au même niveau linguistique afin qu’ils puissent à nouveau être réunis dans une même classe. C’est ce qu’a réaffirmé le ministre de l’Éducation en commission. Au secondaire, le ministère de l’Éducation prévoit également d’autres adaptations dans l’enseignement des langues. Pas seulement dans le cadre de la réforme au préparatoire, mais l’offre francophone au lycée va continuer à être élargie. De plus, toutes les formations en DAP d'artisanat seront proposées en français dès la prochaine rentrée.

Un seul avis négatif

Entre-temps, les différents avis sur le projet de loi et le règlement grand-ducal correspondant, qui adaptent la loi scolaire pour le fondamental, ont été rendus. La seule opposition réelle vient du syndicat des fonctionnaires. Le Conseil d’État, la Chambre des salariés, la Chambre de commerce, la Chambre des métiers et le Conseil supérieur de certaines professions de santé saluent tous la réforme, même s’ils en soulignent certaines faiblesses ou limites. La Chambre des fonctionnaires et employés publics aurait préféré que l’alphabétisation ne soit introduite que dans les établissements qui s’estiment prêts. Une option que le ministère refuse catégoriquement. A l’école publique, chacun doit disposer des mêmes moyens, a affirmé Claude Meisch.