
© Annick Goerens
Lors d'un entretien avec RTL Radio lundi, le chef du groupe parlementaire du Parti démocratique (PD), Gilles Baum, a réaffirmé l'importance du dialogue social au Luxembourg, tout en défendant les réformes progressives du gouvernement en matière de retraites et de lutte contre la pauvreté.
On a le sentiment que le dialogue social au Luxembourg a subi un sérieux revers, mais, comme l'a dit M. Baum, "la brèche peut être réparée". Lors de l'émission, il a affirmé que la situation n'était pas irrémédiable.
Il a reconnu que les discussions entre le patronat, les syndicats et le gouvernement étaient devenues tendues, même si des progrès avaient été réalisés sur des sujets spécifiques tels que le travail dominical et les heures d'ouverture des commerces. Selon M. Baum, les tensions ont atteint leur paroxysme lorsque les syndicats ont quitté la Commission permanente du travail et de l'emploi (CPTE).
Pour remédier à cette situation, il a rencontré la semaine dernière l'Union des syndicats, en compagnie d'autres poids lourds du DP, Carole Hartmann, Corinne Cahen, Gérard Schockmel et André Bauler. Les deux parties ont convenu de maintenir la communication avec le gouvernement, même si cela impliquait de passer à des réunions bipartites directement avec les ministres concernés.
"Il est important de continuer à discuter et à chercher des solutions", a déclaré M. Baum, soulignant qu'à l'ère de WhatsApp et de TikTok, un véritable dialogue était plus essentiel que jamais. Il a ajouté que le dialogue social restait l'un des principaux atouts du Luxembourg et était essentiel pour préserver la paix sociale, affirmant que "c'est ce qui nous distingue des autres pays".
Réforme des retraites
Interrogé sur les critiques selon lesquelles la réforme des retraites manquait de vision à long terme, y compris au sein de la branche jeunesse de son propre parti, M. Baum a défendu l'approche prudente et progressive du gouvernement. Il a déclaré qu'il y avait trop de variables imprévisibles pour une réforme radicale: l'économie avait ralenti pour atteindre une croissance d'environ 1 à 1,5%, les tendances démographiques montraient que la croissance démographique ne garantissait plus un nombre suffisant de cotisants à la caisse de retraite, et le bassin de main-d'œuvre transfrontalière s'était largement "asséché". De plus, l'impact de l'intelligence artificielle et de la numérisation sur l'emploi était encore inconnu.
Pour ces raisons, a-t-il fait valoir, le Luxembourg avait besoin d'une "politique des petits pas" avec des évaluations régulières du système de retraite. Les plans actuels prévoient une combinaison d'augmentations des cotisations et d'ajustements progressifs. M. Baum a décrit cette approche comme étant la bonne, ajoutant que de nombreux jeunes avaient déjà accepté le fait qu'ils devraient travailler plus longtemps à l'avenir.
Lutter contre la pauvreté et améliorer le bien-être
En réponse aux critiques du Parti socialiste ouvrier luxembourgeois (LSAP) selon lesquelles la coalition entre le DP et le Parti populaire chrétien-social (CSV) n'avait pas fait assez pour améliorer le bien-être de la population, M. Baum a dressé une liste de réalisations concrètes: gratuité des manuels scolaires et des repas à l'école primaire, exonérations fiscales pour le salaire minimum, augmentation des allocations familiales et des aides au logement, introduction de la gratuité des transports publics et aide à l'énergie primaire.
Il a annoncé que le plan d'action national de lutte contre la pauvreté serait présenté au Parlement dans le courant de l'année, le décrivant comme un cadre essentiel pour soutenir activement les personnes à faibles revenus. Il a souligné que le bien-être pouvait recouvrir de nombreuses réalités, telles que trouver un logement, garantir la garde des enfants ou veiller à ce que ceux-ci réussissent à l'école, et a insisté sur le fait que la stabilité financière restait au cœur de la politique sociale du gouvernement.
Les priorités du Parlement
Bien que la Constitution fixe officiellement le début de l'année parlementaire au deuxième mardi d'octobre, les députés travaillent déjà depuis le 3 septembre en raison de la charge de travail législatif croissante. M. Baum a fait remarquer que 26 des 60 députés sont des fonctionnaires qui sont entièrement libérés de leurs fonctions publiques, tandis que les 34 autres, qui sont à la fois des employés, des indépendants et des retraités, bénéficient actuellement de 20 heures de congé politique.
Il a déclaré que le DP ne s'opposerait pas à une augmentation de ce nombre à 40 heures, à condition que la Chambre devienne socialement et professionnellement diversifiée, appelant à la représentation des agriculteurs, des médecins, des avocats et des artisans. Il estime qu'une transition progressive vers un travail parlementaire à temps plein est inévitable, mais insiste sur le fait que les députés qui souhaitent poursuivre leur activité professionnelle devraient être libres de le faire.
À l'ordre du jour Le politicien du DP a également profité de l'occasion pour présenter les priorités à venir, telles que les mesures en faveur de l'alphabétisation et du logement, ainsi que la résilience énergétique avant le budget 2026.
Cette semaine, le gouvernement déposera le budget de l'État pour 2026, et plusieurs projets législatifs majeurs sont toujours à l'ordre du jour. Parmi les priorités énumérées par M. Baum figure le portail social "unique", qui permettrait aux citoyens de faire une seule demande d'aide sociale, puis de renouveler automatiquement leurs prestations.
Un autre projet mentionné par M. Baum est le projet Alpha, une initiative visant à généraliser l'alphabétisation en français et à réduire l'échec scolaire lié à la complexité linguistique du Luxembourg.
À ces projets s'ajoute l'individualisation fiscale, qui donne aux ménages plus de flexibilité dans leur imposition. Il a également souligné les nouvelles mesures en matière de logement, notant que l'accès au logement reste la principale préoccupation des résidents, avec environ 5.000 ménages toujours en attente d'une habitation.
En outre, des efforts sont en cours pour rendre l'approvisionnement énergétique plus résilient, parallèlement à de nouvelles réformes dans le secteur de la santé, a-t-il conclu.