Ce samedi, le directeur de l’association bancaire ABBL était l’invité de l’émission "Background am Gespréich" sur RTL Radio.

Payer de manière simple et rapide par voie numérique comporte aussi de grands risques.

Le nouveau Grand-Duc Guillaume avait probablement raison lorsqu’il a déclaré vendredi qu’il faut apprendre aux enfants à utiliser les nouveaux moyens technologiques. C’est ce qu’a affirmé Jerry Grbic, directeur de l’ABBL, dans l’émission. Chacun a besoin d’un esprit critique pour remettre en question ces outils et les utiliser correctement. Les escroqueries ne font pas de distinction d’âge ou de statut social parmi leurs victimes.

Le paiement instantané a peut-être été mis en place plus rapidement en raison de la demande des clients que ne le permettaient les moyens technologiques pour tout surveiller en détail, a reconnu Jerry Grbic.

Respect pour les victimes de l’escroquerie à la BIL

Les criminels qui ont escroqué au moins 70 clients de la BIL cet été étaient des professionnels qui savaient exactement ce qu’ils faisaient, selon Jerry Grbic. Il a exprimé beaucoup de compassion et de respect pour les victimes qui ont osé se manifester. Souvent, les victimes ont honte.

La faiblesse dans les cas de fraude reste l’humain, selon le directeur de l’ABBL. Les banques ne peuvent pas tout contrôler, elles ne remarquent par exemple pas quand une autre adresse IP accède au web banking. Et l’intelligence artificielle rend les escroqueries de plus en plus crédibles.

Les banques investissent massivement dans la cybersécurité. 8 000 sites frauduleux ont été fermés l’année dernière, explique Jerry Grbic.

Si le système de la BIL s’avère défaillant, la banque devra assumer ses responsabilités. Mais si les gens ont saisi leurs données LuxTrust sur un faux site, la banque ne peut pas être tenue responsable. Et dans ce cas, aucun remboursement n’est effectué.

Spuerkeess et l’affaire Caritas

Le directeur de l’ABBL dit ne pas connaître les détails du dossier. Il ne sait donc pas avec certitude s’il existe un lien entre la sanction de la CSSF contre Spuerkeess et l’affaire Caritas. Il faut examiner précisément les procédures de virements de Caritas via Spuerkeess, et ensuite discuter si ces procédures étaient suffisantes. Il affirme ne pas disposer d’informations internes.

Le ministre des Finances Gilles Roth a déclaré qu’il ne devait pas y avoir de tabou, même concernant des conséquences personnelles chez Spuerkeess. "Je connais Mme Françoise Thoma, juste pour la citer, depuis des années comme une personne intègre. Je ne peux rien dire de plus", a déclaré Jerry Grbic à propos de la directrice de Spuerkeess.

L’affaire Caritas a au moins poussé de nombreuses entreprises à repenser leur gouvernance.

Service client et néo-banques

Jerry Grbic a aussi réagi aux critiques selon lesquelles les banques ferment des agences alors que les clients continuent à payer des frais.

Les banques souhaitent certes avoir plus de clients, mais il y a moins besoin d’aller en agence. Au Luxembourg, on compte 26 agences ou distributeurs automatiques pour 100 000 habitants, soit au-dessus de la moyenne européenne de 24.

La concurrence des néo-banques comme "Revolut" n’est pas prise à la légère, selon Jerry Grbic. "Revolut" compte à elle seule 100 000 clients au Grand-Duché.

Cependant, Jerry Grbic estime que les néo-banques sont une alternative pour effectuer des paiements plus rapides à l’étranger.

Mais oui, les banques traditionnelles doivent innover face à cette concurrence, ce qui est positif. Les nouveaux systèmes comme l’IA doivent toutefois être stables pour les banques : les données des clients doivent être sécurisées. C’est la priorité pour Jerry Grbic.

Le secteur bancaire et financier en mutation

Le message principal de Jerry Grbic : le secteur bancaire reste très important pour le Luxembourg, même s’il est en mutation à cause des nouvelles technologies et de la concurrence, et que les banques doivent relever de grands défis.

26 000 personnes travaillent dans les banques au Luxembourg. 75 000 dans l’ensemble du secteur financier. L’impact du secteur financier est significatif pour l’économie nationale : chaque nouvel emploi dans la finance crée un peu plus qu’un autre emploi, selon les calculs du directeur de l’ABBL.

Du service bancaire classique pour les particuliers au Fintech et Corporate Banking, tout existe au Luxembourg. Le Private Banking pour les grandes fortunes devient aussi de plus en plus important, selon Jerry Grbic.

Et pourtant : les banques et les fonds paient beaucoup d’impôts. Jerry Grbic ne trouve pas problématique que des niches soient exploitées dans le secteur financier pour payer moins d’impôts. Ce n’est pas de l’évasion fiscale tant que c’est légal.

Il est normal que les banques cherchent à être rentables. Si les clients perdent confiance, ce serait la pire chose pour une banque.