Trop d'aliments finissent encore à la poubelle, aussi au Luxembourg

Des aliments ont ainsi été produits, de l'eau a été gaspillée et du CO2 a été rejeté dans l'atmosphère pour rien. Les 3,3 gigatonnes de gaz à effet de serre ainsi émises en vain représentent près de cinq fois les émissions de l'aviation.

Dans le cadre de la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages alimentaires, chaque 29 septembre, le journaliste scientifique et auteur Ranga Yogeshwar était au Luxembourg le 23 septembre. Lors d'une conférence interactive organisée par le ministère de l'Agriculture, l'ancien présentateur de la chaîne de télévision allemande WDR a mis le gaspillage alimentaire en contexte.

Les statistiques montrent que le consommateur est le principal responsable:

"Si nous réalisons qu'à la maison, nous, les consommateurs, représentons 50% de cela, donc si on fait le calcul, nous jetons 15% des aliments directement à la poubelle. Cela peut paraître étrange au premier abord, mais si je dis : 'OK, tu achètes quelque chose, tu payes et 15% de cet argent finit à la poubelle sans que tu en tires quoi que ce soit', je pense que tout le monde comprend qu'il faut que quelque chose change."

Source: antigaspi.lu

Le Luxembourg se situe dans la moyenne européenne. Le gaspillage est principalement un phénomène de sociétés riches, comme le souligne Ranga Yogeshwar:

"Si vous considérez à l'échelle mondiale, dans les pays où les gens ont beaucoup moins d'argent, il y a beaucoup moins de gaspillage, simplement parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Donc, indirectement, c'est aussi un peu un problème propre à une société riche."

Selon Ranga Yogeshwar, ce n'est pas seulement parce que les gens dans les pays dits "développés" ont trop de tout, mais aussi parce que dans ces pays les consommateurs achètent beaucoup de produits transformés et de plats préparés, et donc, le lien avec le processus alimentaire a été perdu.

Il est important de connaître le processus de fabrication du produit, par exemple en le cuisinant soi-même. Le consommateur noue alors une relation avec la nourriture et évite de la jeter aussi vite. La technologie peut améliorer beaucoup de choses, mais surtout, la culture joue un rôle majeur, d'après le Luxembourgeois Ranga Yogeschwar:

"En apportant beaucoup de bonnes choses, et faire ainsi que nous changions progressivement les choses. Et c'est une question de culture, c'est ce qui a été entendu ce soir. Cette pomme, qui n'est peut-être pas la plus belle du pays, un peu ratatinée, peut avoir bon goût. Et c'est un peu un retour en arrière dans un monde qui normalement se maquille outrageusement et, de nos jours, se pimpe aussi un peu sur Instagram: reconnaître que dans ce qui n'est pas si beau, il y a cependant une beauté."

Lors de sa conférence, le célèbre auteur a aussi formulé une demande claire: la réintroduction des cours de cuisine dans nos écoles pour que les jeunes apprennent à nouveau à cuisiner eux-mêmes et à davantage respecter la nourriture.

"Nous atteignons nos limites", dit Ranga Yogeshwar, en rappelant les nombreuses catastrophes naturelles récentes, comme les inondations de 2021 dans la vallée de l'Ahr en Allemagne. Il reste néanmoins optimiste. Il constate des indices d'un changement de mentalité, notamment chez les jeunes générations, et des actions telles que le "ruban jaune" ("Gielt Band"), utilisé dans les vergers pour marquer les arbres où tout le monde est autorisé à cueillir des fruits, encouragent Ranga Yogeshwar.

L'Union européenne a récemment adopté une nouvelle directive visant à réduire le gaspillage alimentaire de 10% au niveau de de la transformation et de la fabrication, et même de 30% par habitant dans la distribution, la restauration, les services alimentaires et les ménages.

La conférence à laquelle participait Ranga Yogeschwar, était organisée par le ministère de l'Agriculture. La ministre, Martine Hansen, a assuré que le gouvernement prenait très au sérieux le problème du gaspillage alimentaire et qu'il va mettre en oeuvre des mesures.

© Ranga Yogeshwar