"Les agriculteurs luxembourgeois éprouvent une certaine peur à l'égard de l'accord Mercosur, ils craignent principalement un dumping des prix avec les importations de viande de bœuf", a expliqué lundi sur RTL Jeff Boonen, agriculteur et député CSV. 

Dans les pays d'Amérique latine, les coûts salariaux sont plus faibles. Les écologistes et les ONG craignent en outre qu'avec les importations de viande depuis ces régions, des pesticides interdits dans l'UE finissent dans l'assiette des consommateurs européens. Ils redoutent aussi une augmentation de la déforestation dans les pays exportateurs en raison d'une demande accrue de produits agricoles.

Il est donc important que l'UE impose également ses propres normes aux importations, souligne Jeff Boonen : "Nous avons des contrôles aux frontières, comme ici à l'aéroport. Si des produits arrivent dans l'Union européenne via nos compagnies aériennes, les différents ministères de l'Agriculture, avec leurs agences, peuvent effectuer des analyses." En revanche, pour le bien-être animal, des contrôles sur place seraient nécessaires.

Accord Mercosur: un volume de viande importée relativement faible

Après plus de 25 ans de négociations, la Commission européenne a mené sur la voie de la ratification le plus important accord de libre-échange au monde avec le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Le volet commercial sera soumis au vote du Parlement et du Conseil de l'UE, tandis que le volet politique sera soumis au vote des parlements nationaux. L'accord entraînera la suppression de la plupart des droits de douane réciproques. Jeff Boonen est optimiste quant à l'entrée en vigueur du volet commercial.

Afin de protéger des secteurs particulièrement sensibles comme l'agriculture européenne, un quota de 99.000 tonnes sera instauré pour les importations de viande de bœuf, par exemple. Ce quota est relativement faible par rapport aux importations européennes globales: “L'inquiétude subsiste, car on ne sait pas comment les marchés vont évoluer. Mais il est vrai, comme vous l'avez dit, que nous parlons ici de 1,5% de la viande que nous importons (au niveau global, ndlr). Pour eux, cela représente 4% de leurs exportations. 96% de la viande des pays du Mercosur est destinée à la Chine. Nous devons donc savoir de quelles quantités nous parlons ici. C'est pourquoi je pense aussi que les 1,5% d'importations supplémentaires, moins chères, n'auront pas un impact aussi important. Il y a encore une garantie de sécurité supplémentaire. Si le prix baisse trop, un pays peut effectivement montrer le carton rouge à la Commission, et l'accord pourrait alors être suspendu”. 

International

"Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas ratifier l'accord", précise le député: "C'est pourquoi, en tant que CSV, il était clair pour nous, et le Premier ministre l'a annoncé lors du discours sur l'état de la nation, que nous voterons cet accord. Dans ce contexte géopolitique, il est essentiel que l'Europe ait de nouveaux partenaires, des partenaires fiables et un accord commercial négocié depuis plus de vingt ans“. Entretemps, la Chine est devenue le partenaire commercial le plus important des États du Mercosur.

Réduction du budget européen pour l'agriculture

Outre le Mercosur, les agriculteurs sont mécontents de la réduction significative du budget direct destiné à l'agriculture dans le prochain budget de l'UE, qui passera de 390 à 300 milliards d'euros. A la place, ils devraient pouvoir bénéficier d'aides provenant d'autres budgets. Le député CSV considère désormais que la responsabilité incombe au gouvernement: "Il y a 800 milliards dans cette enveloppe, désormais prévue pour le développement régional. Il appartient maintenant à notre gouvernement de trouver les enveloppes nécessaires ou de mettre en place les projets nécessaires afin de pouvoir orienter cet argent vers l'agriculture. Car nous ne pouvons pas nous permettre, au moment où nous approuvons un tel accord commercial, alors que nous sommes confrontés à des défis majeurs en matière de protection du climat et de l'environnement, de disposer de moins de fonds pour y faire face."