
© Marc Hoscheid
Cette année, les vendanges ont débuté il y a deux semaines à la Moselle. Et pour cueillir ces raisins, il faut des bras.
Comme il est de plus en plus difficile depuis des années de trouver sur place des personnes prêtes à faire les vendanges, la tradition veut que des travailleurs saisonniers étrangers viennent tous les ans au Luxembourg. Certains arrivent de la région frontalière et d'autres de plus loin.
A la fin de la semaine dernière, alors que la Moselle et ses environs étaient encore sous la brume, les vendangeurs étaient déjà au travail entre Remich et Bech-Kleinmacher. Trois hommes originaires de la région frontalière française cueillaient du raisin de table pour l'entreprise de Josy Gloden. Ils prennent soin de trier immédiatement les raisins les moins beaux. Le président de la coopérative viticole Vinsmoselle s'appuie principalement sur des saisonniers français depuis des années, tant pour des raisons logistiques qu'interpersonnelles.
"Je pense que si on accueille des vendangeurs, il faut aussi les respecter, ils ne doivent pas dormir dans des voitures ou des caravanes, il faut avoir des logements pour eux. C'est évidemment un problème: quand on prend des gens venus de l'Est, il faut leur trouver un hébergement. Personnellement, dans mon entreprise, je travaille principalement avec des frontaliers français. J'ai une excellente équipe, composée des mêmes personnes depuis des années."
Clément a 73 ans et il vient aider pour les vendanges depuis 13 ans. C'est très différent de ce qu'il faisait dans son métier de soudeur. Il se souvient bien de comment cela a commencé:
"Ils avaient mis une annonce qu'ils cherchaient du monde, alors comme on l'avait vue, on s'est présenté et depuis je reviens. Je pensais juste faire une année pour voir comment ça marche, mais comme c'est une bonne ambiance et c'est pour ça qu'on revient."
Philippe a 65 ans et il a déjà travaillé chez le père de Josy Gloden. C'est en 1998 qu'il a fait ses premières vendanges, même s'il n'a pas pu venir chaque année. Il travaillait dans le bâtiment et ce qu'il aime surtout dans les vendanges, c'est de rencontrer de nouvelles personnes. Mais il a aussi motivé des connaissances pour venir faire les vendanges avec lui.
"Oui oui, moi j'ai déjà ramené des gens, ça c'est sûr. Nous on est à cinq de la famille ici chez monsieur Josy. Il y a des gens qui viennent, ils tiennent pas trop le coup mais ils viennent."
Ania vient de bien plus loin. La jeune femme de 29 ans est née dans le nord de la Pologne. Après des passages professionnels par la Norvège et l'Angleterre, elle est arrivée au Luxembourg par l'intermédiaire d'un oncle et travaille désormais aux caves de Wellenstein.
"Je suis d'abord venue ici pour une saison, je crois que c'était pour environ cinq semaines, pour conduire des chariots élévateurs. Cela m'a plu, à cause des gens et parce que l'entreprise est petite, c'est un peu comme une famille, tout le monde se traite bien. J'ai ensuite demandé à mon patron s'il était possible de rester ici. Je suis revenue l'année suivante et cela fait maintenant environ six ans que je suis ici."
Elle conduisait également un chariot élévateur dans ses précédents emplois, mais cela n'avait aucun lien avec la production viticole. Son intérêt pour le processus est aussi l'une des raisons pour lesquelles elle aime travailler dans les caves. Elle pourrait en tout cas s'imaginer travailler dans ce domaine pendant longtemps encore.
En général, on entend dire dans le secteur qu'il est de plus en plus difficile de trouver des personnes étrangères disposées à aider aux vendanges. Entretemps, on fait venir de la main d'oeuvre de Roumanie, car les salaires y sont encore bien inférieurs à ceux du Luxembourg.
Lors de la présentation du bilan des vendanges, la ministre de l'Agriculture Martine Hansen a annoncé qu'à partir de l'année prochaine, le travail des ouvriers vendangeurs ne sera plus taxé à seulement 3% pendant 18 jours, mais pendant un mois entier.