Cette infection fongique (à champignon) présente de réels dangers pour les personnes vulnérables et se répand assez rapidement à travers l'Europe. Aucun cas n'a cependant été constaté jusqu'à présent au Luxembourg.

Les infections à Candida auris ont explosé dans toute l'Europe, passant de 804 à 1.346 cas entre 2022 et 2023 seulement. Cette levure pathogène, dont le taux de mortalité est estimé entre 29% et 62%, a été signalée pour la première fois sur le territoire de l'UE en 2014 et n'a cessé de se propager depuis.

Les pays voisins, l'Allemagne, la France et la Belgique, ont signalé respectivement 77, 10 et 6 cas en 2023. Cette semaine, le Tagesspiegel a rapporté la deuxième plus grande épidémie en Allemagne à l'hôpital Charité de Berlin, et les médias allemands mettent en garde contre ses dangers.

Malgré l'augmentation du nombre d'infections, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a récemment signalé que de nombreux pays présentaient encore des lacunes dans leur préparation nationale en matière de surveillance, d'infection et de mesures de contrôle.

Nous avons contacté le ministère de la Santé afin d'obtenir un aperçu de la situation au Grand-Duché.

Le Luxembourg est-il préparé à une telle infection ?

Dans sa réponse, la Direction de la santé du ministère a déclaré que le danger représenté par Candida auris n'avait pas été ignoré au Grand-Duché. Elle a expliqué que des mesures telles que la déclaration obligatoire des cas et un système national de surveillance ont déjà été mises en place, et a assuré que les laboratoires luxembourgeois sont en mesure de détecter l'agent pathogène si nécessaire.

Toutefois, l'ECDC a signalé que le Luxembourg manque encore de directives spécifiques en matière de tests de laboratoire, de prise en charge clinique et de contrôle des infections, alors que des pays voisins tels que l'Allemagne et la Belgique ont déjà adopté de telles mesures.

La Direction de la Santé a souligné qu'en cas d'épidémie, les hôpitaux et les laboratoires pourraient s'appuyer sur les recommandations des pays voisins ou au niveau européen. "Les équipes de prévention et de contrôle des infections hospitalières connaissent bien les précautions requises pour ce type d'infection et peuvent les mettre en œuvre correctement", a-t-elle noté, ajoutant que même en l'absence de lignes directrices nationales, "les hôpitaux mettraient rapidement en œuvre les mesures standard connues pour contrôler Candida auris".

Enfin, les autorités nationales ont souligné que la petite taille du Luxembourg constituait un avantage, car elle permettrait aux responsables "de mobiliser rapidement tous les acteurs clés dès qu'un cas serait détecté, ce qui est un avantage pour contenir une épidémie émergente potentielle".

Très contagieux et résistant

Bien qu'aucun cas n'ait été signalé au Luxembourg, la plupart des cas d'infection ou de colonisation en Europe ont été signalés dans des établissements de santé.

Selon la Direction de la Santé, le traitement est particulièrement compliqué, car la capacité de la levure à développer rapidement une résistance aux médicaments "complique son traitement et prolonge la période pendant laquelle un patient reste porteur", augmentant ainsi le risque de transmission.

Ce qui la distingue, c'est sa capacité à survivre dans des conditions autrement hostiles, explique la Direction. "Elle peut également persister pendant de longues périodes dans l'environnement, en particulier sur des matériaux inertes, et a la capacité de s'adapter à des températures élevées ou à des concentrations élevées en sel", soulignant que ces caractéristiques sont en partie responsables de l'augmentation des épidémies dans les hôpitaux.

Comment peut-on l'attraper ?

Selon la Direction de la Santé, les cas les plus graves ont été observés chez des personnes immunodéprimées, par exemple des patients sous chimiothérapie ou hospitalisés en soins intensifs.

Elle explique que Candida auris, contrairement à d'autres espèces du même groupe, ne fait pas partie de la flore humaine normale, ce qui signifie que pour causer des dommages ou se propager, il doit coloniser un individu, souvent sur la peau. Cela peut se produire dans les hôpitaux où le champignon est présent. Cette levure peut vivre et se propager par l'intermédiaire de patients colonisés ou infectés et dans des environnements infectés. La transmission peut se faire d'une personne à l'autre ou par l'intermédiaire d'objets contaminés tels que des dispositifs médicaux et des surfaces.

RTL

Un exemple de Candida Auris dans un laboratoire des CDC aux États-Unis / © Photo: CDC/PHIL #21796 (public domain)

Symptômes et prévention

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis affirment que ce champignon contagieux peut provoquer des infections dans différentes parties du corps, par exemple dans les plaies, le sang ou les oreilles. Ils notent qu'il n'existe pas de symptômes spécifiques à Candida auris, mais que les symptômes peuvent ressembler à ceux observés dans les infections bactériennes, tels que la fièvre ou les frissons.

Les personnes porteuses du champignon peuvent être asymptomatiques. Le Service national de santé britannique (NHS) affirme que Candida auris est particulièrement dangereux pour les patients hospitalisés, car il peut pénétrer dans l'organisme lors de traitements médicaux ou de blessures chirurgicales. Cela peut se produire lors d'opérations ou lors de l'insertion de dispositifs tels que des perfusions ou des cathéters urinaires.

En matière de prévention, le NHS souligne l'importance de l'hygiène des mains pour le personnel hospitalier et les visiteurs en contact avec des patients infectés. Il convient de se laver les mains avant et après chaque contact avec les patients et d'utiliser un gel hydroalcoolique. Il est important d'éviter de toucher les plaies ou les lésions cutanées.