Après une récolte décevante en 2024, les agriculteurs luxembourgeois annoncent de meilleurs rendements cette année, la coopérative agricole Verband estimant une augmentation de 10 à 20%.

Le Verband indique que la production de blé devrait atteindre six à huit tonnes par hectare, contre les mauvais résultats de l'année dernière, et que la qualité du blé panifiable a été globalement bonne.

Mais les agriculteurs restent préoccupés: le prix des céréales oscille autour de 14 euros les 100 kilos, un niveau jamais vu depuis les années 1980, tandis que les coûts de production ont triplé au cours des quatre dernières décennies, ce qui signifie que beaucoup vendent à perte, a expliqué Serge Turmes, directeur général du Verband.

Il ajoute que le véritable problème cette année est le prix: les agriculteurs sont payés comme dans les années 1980, alors que les coûts des machines, des intrants et de la main-d'œuvre ont été multipliés par deux ou trois.

Il met également en garde contre le problème croissant de l'ergot, une contamination fongique déclenchée par le stress pendant la floraison, qu'il soit dû à la sécheresse, à des précipitations excessives, à la chaleur ou au froid. Selon lui, les conditions climatiques extrêmes rendent ce problème de plus en plus fréquent, et les normes internationales relatives aux niveaux acceptables d'ergot sont plus strictes qu'auparavant, de sorte que les producteurs luxembourgeois doivent trier leurs céréales avec soin pour s'y conformer.

Le marché mondial est à l'origine de la chute des prix, a poursuivi M. Turmes, les récoltes exceptionnelles dans le monde entier ayant entraîné une offre bien supérieure à la demande. La seule exception est le colza, dont les prix se sont maintenus, a-t-il déclaré avant de conclure qu'il était encore trop tôt pour dire si le gouvernement luxembourgeois allait intervenir avec un soutien financier, le secteur attendant les discussions officielles sur les récoltes avec la ministre de l'Agriculture, Martine Hansen, le 5 septembre.

Dans sa ferme près de Gostingen, l'agriculteur Romain Weyrich a décrit l'impact: actuellement, il ne reçoit que 14,50 € pour 100 kilos de blé, ce qui, selon lui, est loin d'être suffisant pour couvrir ses coûts.

Ses options sont limitées, explique-t-il: soit nourrir son propre bétail avec le grain, soit le stocker dans l'espoir que les prix augmentent, même s'il ne s'attend pas à une amélioration dans les mois à venir.

Pour survivre, selon M. Weyrich, les exploitations agricoles doivent se diversifier. Il explique qu'outre les céréales et les produits laitiers, il a investi dans des vignobles, produisant à la fois du raisin de table et du vin. Ici, la situation est plus encourageante: le rendement et la qualité semblent prometteurs cette année, et les vendanges devraient commencer vers le 8 septembre, soit environ une semaine plus tôt que d'habitude.

Il espère un peu plus de pluie dans les prochains jours pour donner plus d'arôme aux raisins, mais il souligne que même dans le secteur viticole, les prix sont bas et couvrent à peine les coûts, en partie à cause de la baisse de la consommation de vin.