Qu'il s'agisse des conventions collectives ou des retraites, les syndicats sont ignorés, écartés du dossier et seulement informés par la presse, a constaté lundi sur RTL le président du syndicat LCGB, Patrick Dury.

C'est pourquoi le LCGB et l'OGBL travaillent désormais en front commun. "Confrontés à une situation caractérisée par la plus grosse attaque du gouvernement et du patronat ensemble, (...) les syndicats n'ont pas d'autre choix que de travailler ensemble", souligne Patrick Dury.

La semaine dernière, les deux syndicats ont présenté à la presse une lettre qu'ils ont écrite au Premier ministre, Luc Frieden, annonçant qu'ils ne participeront plus à aucune rencontre jusqu'à nouvel ordre, sauf si c'est sous la forme d'une "tripartite structurée", où syndicats, employeurs et gouvernement se réunissent dans un cadre institutionnalisé.

Aucune réponse n'est encore parvenue aux syndicats. Pour Patrick Dury, "la balle est désormais dans le camp de Luc Frieden". Il y a eu toute une série d'entretiens, mais ensuite les syndicats ont été mis devant le fait accompli lorsque le Premier ministre a prononcé son discours sur l'état de la nation, il en a été de même en ce qui concerne la réforme des retraites.

"C'est se moquer des syndicats et de leurs membres"

Le syndicaliste cite d'abord l'exemple des conventions collectives: "nous sommes confrontés à des dégradations, qu’il s’agisse des négociations ou du droit de signature, dont le contenu est sans cesse remis en question. Nous avons eu cinq réunions avec le Premier ministre et nous avons eu à plusieurs reprises l’impression que la détérioration que le gouvernement avait mis sur la table, n’était plus sur la table. Et puis on découvre plus tard, lors d'une conférence de presse ou dans le discours du Premier ministre, que ce n'est pas le cas, qu'on en revient au point de départ d'il y a sept mois". Pour le président du LCGB, "c'est se moquer des syndicats et de leurs membres".

Patrick Dury affirme en outre qu'il n'en va pas autrement avec la réforme des retraites et que la consultation lancée par le gouvernement sur l'avenir du système de pension l'a été pour écarter les syndicats du dossier. "En octobre 2024, nous avons soumis au gouvernement un certain nombre de propositions, que ce soit sur les cotisations, que ce soit sur le déplafonnement ou sur des modes de financement alternatifs. Nous sommes mis aujourd’hui devant quelque chose qui ne correspond absolument pas à ce que nous avions proposé. Quelque chose qui n'a pas encore été discuté avec nous à ce jour. (…) Nous en avons assez."  Voilà ce qui amène les deux syndicats OGBL et LCGB à réclamer une "tripartite clairement structurée".

Face aux critiques d'immobilisme, le président du LCGB insiste sur le fait que les syndicats ne refusent pas le dialogue et "veulent discuter des dossiers", mais que c'est le gouvernement qui "veut travailler autrement". "Les syndicats luxembourgeois fonctionnent dans le cadre du modèle que nous connaissons, qui a renforcé le Luxembourg, qui a permis au Luxembourg de traverser les crises, qui a assuré la paix sociale. Et c’est le gouvernement qui a rompu avec ce modèle. Il veut désormais décider seul".

Mise en oeuvre de la directive sur le salaire minimum: nouveau point de discorde avec le gouvernement? 

La mise en œuvre de la directive européenne sur le salaire minimum pourrait constituer un autre point de discorde: cette dernière stipule en effet que le salaire minimum doit correspondre à 60% du salaire médian ou à 50% du salaire moyen. Cela correspondrait à 2.900 ou 3.100 euros bruts pour le salaire minimum non qualifié. Celui-ci se situe actuellement à un niveau plus bas au Luxembourg, autour de 2.700 euros, mais il est exonéré d'impôt depuis janvier 2025.

Selon ce qu'a rapporté récemment le Tageblatt, le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), envisage une nouvelle méthode de calcul, où il supprimerait désormais du calcul les salaires de la fonction publique, les heures supplémentaires et le 13e mois, et le Luxembourg remplirait ainsi déjà les conditions de la directive. Il ne serait dès lors plus nécessaire de revaloriser le salaire minimum. Si cela devait arriver, ce serait un scandale pour le président du LCGB: "On voit là à quel point le fossé entre la fonction publique et le secteur privé s’est creusé. Et ce fossé va encore se creuser davantage avec une telle politique, si on ne veut pas revaloriser le salaire minimum." 

Les syndicats pourraient discuter de la manière dont le salaire minimum pourrait être revalorisé, que ce soit par le biais du salaire brut ou par le crédit d’impôt. En tout cas, ce sujet est une raison supplémentaire de manifester le 28 juin, selon Patrick Dury, qui rappelle que le LCGB et l'OGBL appellent à une grande manifestation ce jour-là.