Laurent Zahles, directeur de Raiffeisen, a prévu des taux d'intérêt stables pour 2025 lors d'une interview sur RTL Radio jeudi, soulignant que les facteurs de marché au-delà des décisions de la BCE déterminent en fin de compte les taux d'intérêt à la consommation.

Le directeur de la banque luxembourgeoise prévoit une "relative stabilité" des taux d'intérêt des banques privées en 2025, la Banque centrale européenne (BCE) pouvant procéder à deux ou trois réductions mineures des taux d'intérêt avant la fin de l'année. Il a noté que ces projections dépendent de multiples facteurs économiques au-delà des décisions de la BCE.

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S'agissant de la raison pour laquelle les banques appliquent les hausses de taux de la BCE plus rapidement aux prêts qu'aux comptes d'épargne, M. Zahles a expliqué que les institutions financières doivent analyser divers paramètres avant d'ajuster les taux. Les conditions du marché et les actions des concurrents influencent considérablement les décisions en matière de délais. Le directeur a précisé qu'il n'y a pas de corrélation directe entre les taux directeurs de la BCE et les taux des produits variables, car ces derniers dépendent davantage de la politique générale de refinancement d'une banque.

M. Zahles a souligné l'importance d'évaluer les conditions du marché des capitaux afin de préserver "les crédits et les placements à long terme".

Les nouvelles constructions sont confrontées à des problèmes de prix et de confiance, et non d'intérêt.
Alors que les hypothèques restent l'activité principale de Raiffeisen, M. Zahles a noté une division distincte du marché émergeant depuis le deuxième trimestre 2024. Bien que l'intérêt des clients ait rebondi pour les propriétés existantes, les nouvelles constructions et les développements sur plan (VEFA) continuent de sous-performer.

Zahles a identifié de multiples facteurs nécessaires à la reprise du marché, à commencer par les taux d'intérêt qui sont déjà inférieurs aux niveaux de 2023-2024 et peu susceptibles de diminuer encore de manière significative. Il a reconnu l'effet positif de la prolongation des incitations fiscales de l'État, qui restent disponibles jusqu'en juin, tout en soulignant que les ajustements de prix constituent la variable la plus critique nécessitant une évaluation au cas par cas.

"La question fondamentale est de restaurer la confiance des acheteurs dans les nouvelles constructions", a souligné M. Zahles, suggérant aux promoteurs de réévaluer si toutes les optimisations de prix possibles ont été mises en œuvre.

Politique tarifaire américaine: sans-froid des investisseurs

En ce qui concerne les récentes annonces de droits de douane américains, la situation est "difficile à évaluer" selon l'invité de RTL, notant que l'incertitude du marché nuit généralement à l'activité commerciale. Toutefois, il a observé que les clients gardaient leur sang-froid malgré les développements géopolitiques.

L'impact final dépendra fortement des mesures de rétorsion et des négociations, a déclaré M. Zahles, ajoutant que les investisseurs de Raiffeisen ont jusqu'à présent évité les réactions de panique face aux changements de politique.

Les réglementations bancaires restent trop complexes

M. Zahles s'est dit préoccupé par les charges réglementaires croissantes auxquelles sont confrontées les banques. "Nous avons observé une complexité croissante au cours des dernières années", a déclaré le directeur de Raiffeisen, notant que les clients contactent fréquemment la banque, déconcertés par les changements constants des exigences en matière de documentation.

M. Zahles a appelé à un allègement de la réglementation, plaidant pour une "approche basée sur le risque plutôt que pour des ajouts perpétuels" aux règles bancaires. Il a spécifiquement fait référence à l'initiative Omnibus de la Commission européenne sous la direction d'Ursula von der Leyen comme une solution potentielle, tout en reconnaissant qu'"aucun changement tangible ne s'est encore matérialisé".