C'est une question que se posent de nombreux automobilistes qui franchissent le viaduc de l'A31 à Thionville. La réponse est liée aux énormes travaux de consolidation d'une culée arrivée au bout de sa vie. Explications.
Tous les jours près de 80.000 véhicules franchissent le viaduc de Beauregard qui permet d'enjamber la Moselle, mais aussi le canal des mines de fer et les voies ferrées à Thionville. Long de 529 mètres, c'est le plus grand viaduc de l’A31 entre Toul et la frontière luxembourgeoise! Saviez-vous qu'il est constitué de deux ponts? L'un métallique, l'autre (sens Metz-Luxembourg) en béton.
Les deux ponts de Beauregard reposent sur un appui qui s'appelle une "culée". Et cette culée en terre armée est "très fatiguée, elle a 50 ans" et "elle a des désordres", explique Sébastien Delbirani, chef du service Ouvrages d'Art à la DIR Est. Comprenez: plusieurs gros défauts ont été constatés sur l'immense pied du pont, rouillé de l'extérieur et en partie de l'intérieur, donc il faut l'opérer d'urgence.

Datant de 1972, l'immense culée en terre armée est un ouvrage métallique à moitié enfoui dans la terre et dont les "écailles" ont rouillé avec le temps. / © Maurice Fick / RTL
Ce chantier dont le maître d'ouvrage est la Région Grand Est, a nécessité deux années de calculs et de préparation par les experts de la DIR Est. Il a débuté mi-2024 et se prolongera jusqu'à mi-2026.
Les automobilistes ne voient pas ce vaste chantier depuis le tablier de l'A31 puisqu'il se trouve 12 mètres plus bas. Mais c'est pour qu'il se déroule du mieux possible qu'ils sont obligés de rouler à 70 km à l 'heure depuis le mois de mai.

Benjamin Collin: "On demande aux automobilistes de limiter leur vitesse pour limiter les vibrations sur le tablier". / © Maurice Fick / RTL
L'ouvrage "est très sensible au mouvement. Alors pendant cette phase de travaux, on est un peu comme un chirurgien qui interviendra à cœur ouvert, on cherche à la fois à réparer, mais surtout à ne pas aggraver la situation existante", explique Benjamin Collin, adjoint au responsable du service d'Ingénierie routière Grand Est. Pour limiter ces mouvements, "on demande aux automobilistes de limiter leur vitesse pour limiter les vibrations sur le tablier" d'une part, et "des précautions particulières sont prises par les entreprises qui font le chantier", d'autre part.
Durant ces travaux titanesques "il y a un risque d'effondrement, mais il est très faible", assure Benjamin Collin, et les mouvements sont suivis "au jour le jour par un dispositif automatique". Et il prévient: "Si on est amené pour des raisons de désordre sur l'ouvrage à fermer la circulation, alors le préjudice sera important pour les usagers".
Le chantier est arrivé à mi-course et "on a fini les fondations" assure M. Collin. Tout autour de la culée malade a été coulée une dalle de 10 mètres de large et 1,40 m d'épaisseur qui repose sur 148 pieux d'une vingtaine de mètres de profondeur.
L'idée est maintenant de créer un sarcophage en béton armé autour de la culée qui "sera garanti au moins 100 ans". Cette grosse carapace de 3.200 m3 de béton est en cours de construction depuis quelques jours. A la fin, 30.000 tonnes de remblai seront tassés pour tenir le tout.
Le coût total de l'opération sera de 12,2 millions d'euros.