Le ministre des Finances, Gilles Roth, s'est exprimé sur le déficit luxembourgeois de 99 millions d'euros, meilleur que prévu, sur les réformes fiscales à venir et sur les objectifs de dépenses de l'OTAN, entre autres.

Samedi, le ministre des Finances Gilles Roth a accordé une interview à nos collègues de RTL Radio. Le ministre a souligné que le budget 2024 de l'État central luxembourgeois a été clôturé avec un déficit de "seulement" 99 millions d'euros, ce qui est nettement inférieur aux prévisions antérieures.

Le chiffre final marque une amélioration notable par rapport au déficit de 300 millions d'euros estimé fin décembre. Lors des négociations de la coalition, un an plus tôt, les prévisions tablaient même sur un déficit bien plus important, de 3,2 à 3,6 milliards d'euros.

M. Roth a reconnu l'écart récurrent entre les prévisions budgétaires et les résultats réels, notant que de telles variations sont difficiles à éviter. Il a attribué cette volatilité en grande partie à la structure de l'impôt sur les sociétés au Luxembourg, où 650 entreprises seulement contribuent à 75% des recettes de l'impôt sur les sociétés. Le ministre a confirmé qu'il collaborait avec l'administration fiscale pour améliorer les mécanismes de suivi des bénéfices.

Malgré ce résultat positif, M. Roth a appelé à la prudence et mis en garde contre un optimisme excessif. "Ce n'est pas le moment de faire des dépenses inconsidérées", a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de maintenir une flexibilité financière pour les obligations futures.

À moins d'une crise économique majeure, M. Roth s'attend à ce que la dette nationale du Luxembourg se stabilise à 25-26% du PIB, soit bien en deçà du seuil de 30%. Il souligne que cela consolide la position du Grand-Duché comme l'un des rares États membres de l'UE à respecter régulièrement les objectifs de discipline fiscale.

Réforme fiscale: éviter de désavantager les contribuables

Le ministre Roth a réaffirmé l'engagement du gouvernement à mettre en œuvre une réforme fiscale centrée sur la fusion des multiples classes d'imposition du Luxembourg en un système unique. Des propositions initiales seront présentées au Parlement en juillet, suivies de consultations avec les partenaires sociaux. La réforme vise à établir un taux d'imposition équilibré qui évite de désavantager les contribuables.

Actuellement, la classe d'imposition 1 (contribuables célibataires) commence à payer des impôts à partir de 13.000 euros, tandis que les classes 1A et 2 (couples mariés ou pacsés) commencent à 26.000 euros. Selon M. Roth, le nouveau taux unifié pourrait s'aligner étroitement sur la structure de la classe 1A, ce qui éviterait aux parents célibataires, aux personnes âgées et aux veuves de subir des pertes immédiates.

Cependant, les contribuables de la classe 2 pourraient être confrontés à une phase de transition afin d'atténuer les augmentations soudaines.

La réforme pourrait également intégrer les indexations salariales en cours - 6,5 ont déjà été ajustées - dans le cadre fiscal révisé.

Fin des aides à la construction

Le ministre s'est opposé à la prolongation des avantages fiscaux pour le secteur de la construction au-delà de l'échéance de juin 2024. Des mesures telles que l'amortissement accéléré, la réduction des droits d'enregistrement (50%) et l'évaluation au quart de tour des plus-values ont été introduites pour stimuler la demande pendant les périodes de ralentissement.

Le secteur étant désormais stabilisé, M. Roth a averti que la prolongation de ces incitations risquait d'alimenter l'inflation des prix. Il a toutefois souligné que la décision finale revenait à la Chambre des députés.

Enfin, en ce qui concerne les spéculations sur la BIL, M. Roth a souligné qu'il devait être prudent dans ses déclarations publiques en raison de la cotation en bourse de son actionnaire majoritaire, Legend Holdings. Il a confirmé que la participation de l'État de 10 % resterait inchangée.