Vendredi, l'agence de presse Reuters a annoncé que la BIL, la plus ancienne banque privée luxembourgeoise, devrait être vendue.

Son actionnaire chinois, le groupe Legend Holdings a demandé à Goldman Sachs de trouver un acquéreur. Qu'est-ce que cela implique pour la BIL? Les explications de l'expert financier de RTL, Claude Arend.

Il est tout à fait normal qu'un actionnaire souhaite vendre une participation. Legend, c'est Lenovo Computer, Legend, c'est de l'alimentaire, Legend, c'est du capital risque et du capital investissement, c'est de la chimie. Mais Legend n'est pas un groupe pour lequel une banque constitue une participation stratégique. Même si cela semblait différent en 2017, lorsque Legend a racheté 90 % du capital de la BIL au qatari Precision Capital. Car à l’époque, il était encore question d’un "investissement stratégique captivant à long terme".

Huit ans plus tard, cet investissement stratégique à long terme ne semble pas s'être tout à fait épanoui. Car la rumeur selon laquelle la BIL est à vendre, circule sur la place financière depuis bien avant vendredi dernier. Le calcul de Legend Holding n'est pas tombé tout à fait juste. Et c'est pourquoi il convient d'y mettre un terme. La BIL est sans aucun doute une banque importante sur la place financière luxembourgeoise. Mais il faut se poser la question de savoir ce qu'un géant chinois de la technologie fait avec une banque importante dans le petit Luxembourg. Car parmi les grands groupes financiers internationaux, la BIL, même après huit ans avec un actionnaire chinois, reste un David parmi de nombreux Goliath.

Le calcul n'est donc pas tombé juste pour les Chinois. S'il s'agissait pour la BIL d'acquérir une dimension internationale, certainement pas. S'il s'agissait d'une diversification du groupe, plutôt pas non plus. Car la BIL est le plus petit secteur de Legend Holding. S'il s’agissait d’investir des capitaux excédentaires à l’étranger, probablement pas non plus. Car le cours de change du RMB (le yuan chinois) en euros n'a pratiquement pas changé depuis 2017. Au cours des deux dernières années, la BIL a généré 78 millions de dividendes. Pas vraiment beaucoup pour un investissement de 1,5 milliard d'euros. Nous saurons si le calcul tombe juste lorsqu’un acheteur sera trouvé.

Celui-ci devra mettre sur la table entre 2,5 et 3 milliards, selon ce qu'on a pu lire. Claude Arend estime toutefois que c'est un peu beaucoup. Avec un bénéfice de 202 millions en 2023, après 153 millions et 135 millions les années précédentes, une valorisation de 2,5 à 3 milliards lui paraît irréaliste. Peut-être que Goldman Sachs peut faire de la magie?

Les clients de la BIL doivent-ils s'inquiéter?

Certainement pas. Les clients pourront probablement mieux dormir avec un grand groupe bancaire comme principal actionnaire de la BIL qu’avec un géant chinois de la technologie. Personne ne doit s'inquiéter, certainement pas, estime Claude Arend.