Un bras de fer dur s'engage entre salariés et direction d'Ampacet Luxembourg, géant américain des matières plastiques installé à Dudelange. 88% des salariés ont voté la grève. Elle est imminente, menace l'OGBL.

"Dans les heures qui viennent, au maximum dans quelques jours, nous allons décider de lancer la grève! C'est une décision tactique, mais nous sommes prêts", assure Stefan Osorio, secrétaire central adjoint du syndicat Chimie à l'OGBL.

Après un échec en conciliation au début du mois, le conflit social s'aiguise encore un peu plus chez Ampacet Luxembourg. La société américaine produit avec succès, depuis 2013, des mélanges-maîtres pour l'industrie plastique dans la zone d'activités économiques Wolser.

RTL

© Domingos Oliveira / RTL

Mais le conflit social couve depuis le printemps dans l'usine de production de Dudelange qui emploie 65 agents de production et caristes. Au final, la direction a proposé d’augmenter les salaires de 0,3% quand les représentants OGBL du personnel revendiquaient 2,5% d'augmentation de salaire et trois jours de congé supplémentaires pour tous.

Surtout que l'entreprise se porte "méga bien", lance Stefan Osorio en dévoilant les "3,7 millions d’euros de bénéfices de l’an dernier" et les "10,4 millions de bénéfices accumulés au cours des quatre dernières années".

88% des salariés ont voté pour la grève

Cette fois, la hache de guerre est déterrée: "88% des salariés se sont prononcés pour la grève", pose Stefan Osorio en précisant bien que 90% des salariés avaient participé à une consultation en interne qui n'a pu se dérouler dans les locaux d'Ampacet, tant "les gens étaient sous pression".

Il assure que le cahier de revendications "n'avait rien de délirant", mais que la délégation du personnel s'est confronté à un mur: "Durant tous ces mois, l'employeur n'a pas bougé d'un millimètre".

RTL

Alain Rolling, secrétaire central du syndicat Chimie à l'OGBL: "Ampacet, c'est un dossier national! Ici on attaque notre convention collective de travail". / © Maurice Fick / RTL

Pire, la direction installée depuis deux ans, a pris la main et grillé la priorité au syndicat. L'employeur a saisi l'Office national de conciliation, ce que fait en général le syndicat. "Ce qui est inédit au Luxembourg" assure le syndicaliste. Autres faits "inédits", Ampacet Luxembourg "a dénoncé la convention collective de travail". Ce qui "n'est rien d'autre qu'une déclaration de guerre à tous les salariés d'Ampacet Luxembourg", lance Stefan Osorio. Lundi dernier, après seize semaines de négociations, c'est aussi l'employeur qui "a demandé une non-conciliation".

L'OGBL est désarçonné devant tant de façons de faire non conventionnelles, face au remaniement "hors-la-loi" de certains passages de la convention collective et face à des propos inouïs à ses oreilles: "Le patron voulait même imposer aux gens quand ils devaient prendre leurs congés", raconte Stefan Osorio.

Une collecte nationale pour soutenir les grévistes

"On est habitué à de nombreuses attaques de l'industrie, mais ici on attaque notre convention collective de travail. Le patron l'a cassée pour la jeter à la poubelle et faire ce qu'il veut! Il n'avait pas envie de négocier avec nous", relève Alain Rolling, secrétaire central du syndicat Chimie. Avant de rajouter qu'au Luxembourg, "nous avons un modèle social qu'ils doivent respecter".

"Maintenant on veut tout nous enlever, mais on est prêt à se battre pour garder ce qu'on a", glisse Rabah Bouaddou, délégué du personnel chez Ampacet Luxembourg. Le cariste reconnaît que tout cela est "malheureux" car "ça fait un peu de mauvaise publicité pour notre entreprise" qui travaille pour des clients à l'envergure mondiale, "mais c'est la direction qui nous pousse à faire cela".

Comme les salariés ne seront pas rémunérés les jours de grève, et cela juste avant Noël, une collecte nationale va être lancée dans toutes les entreprises du pays où l'OGBL est représenté.