
© RTL Grafik
Vous l'avez forcément remarqué: depuis plusieurs années, les constructeurs automobiles rajoutent des centimètres en long et en large, et l'électrification n'a fait qu'accélérer cette tendance.
Si les automobilistes du siècle dernier pouvaient voyager dans le temps, ils seraient certainement surpris par les mensurations des voitures modernes... et notamment des "petites" citadines d'aujourd'hui !
Prenez la Fiat 500 par exemple : l'emblématique "caisse à savon" des années 50 pesait à l'époque moins d'une demi-tonne. Aujourd'hui, elle en fait le double, et existe même en version SUV (mamma mia! )

La Fiat 500, un demi-siècle plus tard... la mini-voiture a subi une sacrée poussée de croissance !
Entre 1990 et 2023, le poids moyen d'une voiture vendue en France est passé de 953 kilos à 1.256 kilos, soit une augmentation de 303 kg (+32 % !) Côté mensurations, depuis 1960, la taille des voitures a augmenté de 21% en hauteur, de 14% en largeur et de 3% en longueur, selon les estimations du chercheur Aurélien Bigo.
Voitures électriques : pas très "écolos" sur la balance
La motorisation joue beaucoup : certains véhicules ont pris beaucoup de poids ces dernières années, tandis que d'autres en ont perdu ! Sans surprise, les voitures électriques sont pointées du doigt. À cause de leurs lourdes et volumineuses batteries, leur poids moyen avoisine les 1.500 kg, rapporte le site l'Argus.Dans une Tesla ou une Zoe par exemple, la batterie représente à elle seule le quart du poids du véhicule.
Chez les hybrides rechargeables, c'est encore pire. En embarquant à la fois un moteur thermique et des batteries, elles pèsent en moyenne 1.800 kg sur la balance.

© L'Argus
Les moteurs thermiques sont moins touchés par ce phénomène, les voitures essence demeurant les plus légères avec un poids moyen de 1.093 kg, et les diesel de 1.357 kg. Enfin, les hybrides essence et essence-GPL se paient le luxe de nager à contre-courant, puisqu'elles ont perdu du poids entre 2012 et 2023, pour atteindre respectivement un poids moyen de 1.306 kg et 1.169 kg.
Pneus: dis donc, faut pas "poucer" !
Et les pneus, on en parle des pneus? Les jantes suivent la tendance et sont devenues surdimensionnées. L'évolution du Renault Scénic est un autre exemple frappant: depuis 1997, il est passé de jantes 14 pouces à des jantes... 20 pouces! De quoi faire rougir certains bus !

Quand les voitures grossissent, les pneus suivent... Parfois jusqu'à l'absurde. / © www.palais-de-la-voiture.com
Bien sûr, cette inflation répond à une demande à la fois esthétique (faut avouer qu'elles en jettent, ces jantes) et logique (des petites jantes seraient inappropriées sur d'imposants véhicules).
Hélas, ce n'est pas très écologique (les pneus émettent aussi des particules fines), ni très économique (attention à la grosse facture lors du renouvellement des pneus, et à la hausse de la consommation de carburant : plus les jantes sont grosses, plus la résistance au roulement est importante).
SUV : Plus c'est gros, plus ça passe
Regardez leurs mensurations. Par rapport à une voiture standard, un SUV, c'est en moyenne 200 kg, 25 cm de long, et 10 cm de large en plus. Autre défaut récurrent, l'aérodynamisme. Avec leurs lignes carrées et leurs calandres menaçantes, les SUV ne sont pas vraiment taillés pour fendre l'air.

Malgré les efforts des constructeurs, les SUV pâtissent d'un manque d'aérodynamisme qui se répercute à la pompe.. / © Stellantis
Ces mensurations généreuses pèsent sur la consommation de carburant. On estime en moyenne que les SUV consomment près de 10% de plus qu'une berline équivalente. Ce qui veut dire aussi davantage de CO2 à la sortie du pot d'échappement (pour les SUV thermiques, en tout cas!).
À lire sur ce sujet : Les vices cachés des SUV.
Et au niveau des pneus, les SUV plaident logiquement coupables, car leur taille les oblige à chausser large... Or, comme le rappelle Guillaume Devauchelle, le directeur technique de l'équipementier Valeo, "Si on revenait aux roues des années 2000, on gagnerait 100 kilos et on pourrait économiser 10% de consommation, c’est énorme."
C'est là tout le paradoxe des voitures modernes : alors que leurs moteurs n'ont jamais été aussi sobres, les constructeurs anéantissent ces efforts avec une surcharge pondérale, des jantes et un profil aérodynamique dignes d'un poids-lourd.
De nombreux gros SUV, pourtant taillés pour tracter des remorques à chevaux sont, dans la réalité, utilisés davantage pour accomplir les mêmes tâches qu'une berline ou une citadine... alors que l'urbanisation et les enjeux écologiques devraient au contraire encourager à réduire la taille des véhicules. Ce qui laisse à penser que décidément, ça ne tourne pas très rond sur la planète automobile...