Stupeur ce vendredi: l'affaire de "l'abri de jardin" prend un nouveau tournant avec l'annonce par la ministre de l'Environnement de sa démission. L'intérim sera assuré par Claude Turmes.

Rebondissement dans l'affaire de "l'abri de jardin": la ministre de l'Environnement a annoncé vendredi en conférence de presse qu'elle démissionnait de son poste.

Une décision prise afin de "pouvoir se défendre en tant que personne privée" et ne pas "bloquer l'action" de son ministère. Carole Dieschbourg, très émue, a remercié son équipe et ses proches à l'issue de cette annonce.

Les deux Parquets ont transmis un rapport au président de la Chambre des Députés, cette dernière étant seule à avoir le pouvoir d’accuser un membre du gouvernement. Peu après cette information le vendredi matin, Carole Dieschbourg a réagi en laissant entendre que la levée de son immunité était la "bonne voie". C’est exclusivement par ce biais que ses explications pourraient être inclues dans l’enquête. En donnant sa démission maintenant - une décision lourde à prendre - elle souhaite éviter que la Chambre soit à nouveau saisie de cette affaire.

L’affaire remonte à 2019 où on s’était aperçu que le Maire de Differdange Roberto Traversini (Verts) aurait notamment fait des travaux sans autorisation à son abri de jardin. Par la suite il avait démissionné de son poste.

Contre la Ministre de l’Environnement (Verts également) perdure le soupçon que ses administrations auraient traité "favorablement"  Roberto Traversini en lui donnant des autorisations a posteriori. Carole Dieschbourg l'avait à l‘époque démenti devant la Chambre des députés: "tous les mécanismes de contrôle auraient fonctionné et il appartiendrait à la justice de l’examiner" avait alors déclaré la ministre.

Actuellement une réunion du bureau de la chambre  - avec des représentants des 7 partis politiques - est en cours.

C'est le Ministre de l’Énergie Claude Turmes (Verts) qui va reprendre par intérim le mandat de Carole Dieschbourg. Le parti des Verts nommera un tout nouveau membre au gouvernement.

RÉACTION DE PAULETTE LENERT

La Vice-Premier Ministre Paulette Lenert est triste et regrette la décision de la Ministre de l’Environnement: "Carole Dieschbourg était une Ministre très engagée qui a assumé ses fonctions avec passion". Paulette Lenert exprime son empathie et imagine que ce sont des moments difficiles aussi pour les amis et la famille. "La procédure à laquelle a été soumise la Ministre, n’est plus digne du 21e siècle", d’après Paulette Lenert, "on fait le procès à Carole Dieschbourg sur la place publique et la Chambre prend le rôle de tribunal. Dans le contexte, cela aurait fait des longueurs procédurales que la justice ne devrait pas avoir" s'est ainsi exprimée la ministre qui a également expliqué que cette procédure sera réformée dans le futur.

„Je pense que j’aurais fait pareil à sa place“, dit Paulette Lenert qui n'oublie pas de rappeler la présomption d’innocence.

AUTRES RÉACTIONS POLITIQUES

La présidente des Verts Josée Lorsché est d'avis que cette affaire représentait un fardeau depuis deux ans déjà pour la ministre qui n'arrivait plus à gérer humainement la pression qui était exercée sur elle.

Le président du LSAP Yves Cruchten précise qu'il s'agit du choix personnel de la ministre et qu'il le respecte. Selon lui, la coalition de gouvernement est toujours soudée et fonctionnelle.

Le CSV et les Pirates pensent que cette démission aurait dû avoir lieu il y a déjà bien longtemps. Martine Hansen, présidente du plus grand parti d'opposition, espère que tout sera entrepris afin d'éviter que des erreurs de procédure ne soient faites en cas d'une mise en accusation par la Chambre.

Le député Sven Clement (Pirates) est lui d'avis que le Parlement aurait dû initier ce vendredi une mise en accusation afin de permettre à la justice de faire son travail.

LES ARTICLES EN DÉTAIL

Art. 82

La Chambre a le droit d'accuser les membres du Gouvernement. - Une loi détermine les cas de responsabilité, les peines à infliger et le mode d'action, soit sur l'accusation admise par la Chambre, soit sur la poursuite des parties en cause.

Art. 116

Jusqu'à ce qu'il y ait une loi, la Chambre des députés dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour mettre en accusation un membre du Gouvernement, et la Cour suprême, par assemblée générale, par le juge, en qualifiant la loi et en déterminant la peine. - Néanmoins, la peine ne pourra excéder la cellule de la conclusion, sans préjudice des cas expressément prévus par les lois pénales.

Les conseillers à la Cour, faisant partie de la Chambre, s'abstiennent de toute participation à la procédure et à la magistrature.