La restauration, les cafés et l’hôtellerie sont toujours à la peine en province du Luxembourg selon le traditionnel bilan financier des entreprises.

La chambre de commerce et d’industrie du Luxembourg belge (CCILB) a dévoilé il y a quelques jours son analyse financière des entreprises dans la province voisine. Un état des lieux dressé à la fin de l’année 2023 avec, parfois, les premières tendances de 2024.

Vingt-quatre secteurs ont été passés au peigne fin. L’Horeca est à la peine selon plusieurs indicateurs.

«La situation s’est dégradée par rapport à l’année précédente», note Benoît Lescrenier, directeur financier et relations entreprises à la CCILB. Parmi les entreprises qui ont le plus de fonds propres négatifs, c’est-à-dire qui ont accumulé plus de pertes que l’apport initialement investi, les restaurants, cafés et brasseries accusent le coup en Province (27%). Les hôtels aussi (25%). Les pompes funèbres (0%), les travaux publics (5%) et les chauffagistes (5%) se positionnent nettement mieux.

Le degré d’indépendance financière est aussi calculé. Ce ratio donne une idée de la solidité de l’entreprise. Il est obtenu en divisant les fonds propres par le total du bilan. On dit d’une entreprise qu’elle présente un bon degré d’indépendance quand les fonds propres représentent environ 30% du total du bilan.

En 2023, le ratio de solvabilité a augmenté dans 13 secteurs sur 24. Tous secteurs confondus, les fonds propres représentent 37% du total de bilan, contre 37% en 2022 36% en 2021 et 34% en 2020. A 37% de ratio de solvabilité moyen, on reste cependant toujours nettement en-dessous du ratio moyen national qui est à 45%. Les secteurs qui ont le meilleur ratio de solvabilité en province du Luxembourg sont les magasins de bricolage (60%), les négoces de bois (49%), les chauffagistes (49%) et l’industrie du bois (46%). Les secteurs qui ont, par contre, les ratios de solvabilité les plus faibles sont l’industrie de la viande (25%), les boucheries (26%), les restaurants et cafés (29%) et les brasseries (31%).

Les faillites en hausse

Dans la Province comme au niveau national, le % d’entreprises en perte augmente dans une majorité de secteurs étudiés en 2023 (19/24). Tous secteurs confondus, ce sont ainsi 33% des entreprises qui étaient en perte contre 30% en 2022 et 26% en 2021.

Le moins d’entreprises en perte en 2023  se retrouvent dans les domaines suivants: négoces de bois (13%), électriciens (15%) et chauffagistes (23%). A l’inverse, on retrouve le plus d’entreprises en perte dans les brasseries (57%), les maisons de repos (50%) et les restaurants et cafés (47%).  A noter la forte hausse du % d’entreprises en perte dans les brasseries où on passe de 38% des entreprises en perte en 2022 à 57% en perte en 2023.

«L’économie luxembourgeoise a connu des années 2023 et 2024 plus compliquées», conclut Benoît Lescrenier. «Si l’inflation a nettement ralenti, il a fallu absorber les très fortes hausses de salaires de début 2023, et bien souvent, la hausse de productivité par travailleur (en bonne partie liée aux hausses de prix) n’a pas suffi.

Ce contexte plus compliqué a eu pour conséquence une hausse des faillites en province de Luxembourg, tant en 2023 (+12%) qu’en 2024 (114 faillites et +11 % sur les 10 premiers mois). Ces faillites ont déjà engendré sur les 10 premiers mois de l’année 2024, la perte de 452 emplois contre 270 pour l’ensemble de l’année 2023.

Si l’heure est à la prudence, avec une partie non négligeable des entrepreneurs qui se dit pessimiste sur l’évolution du contexte économique dans les prochains mois (33%), la majorité des entrepreneurs dit qu’elle cherche toujours à stabiliser (64%) ou augmenter (24%) le nombre de salariés. Les prochains mois risquent à nouveau d’être marqués par des incertitudes.»