Une partie des syndicats français ont signé l'accord qui prévoit de raboter le chômage des frontaliers du Luxembourg.

Feu vert d'une majorité de syndicats: FO et la CFDT ont confirmé jeudi dernier, comme le Medef et l'U2P, qu'ils signaient les trois accords trouvés sur l'assurance chômage, l'emploi des seniors et le dialogue social, après l'approbation lundi dernier par la CFTC.

De son côté, le syndicat des cadres CFE-CGC a donné son feu vert aux accords sur les seniors et le dialogue social, mais a rejeté celui sur l'assurance chômage, qui reprend en le complétant l'accord de 2023 qu'il n'avait pas signé.

Les signataires demandent au gouvernement d'agréer la nouvelle convention d'assurance chômage et de transposer rapidement dans la loi les deux autres textes. Si cet accord entre en vigueur, le chômage des frontaliers français pourrait baisser d'un tiers. Un coup de rabot "discriminatoire" estime Pascal Peuvrel, le président de l'AFAL, l'Association des Frontaliers au Luxembourg.

La CGT ne fera part de sa décision formelle que le 3 décembre mais a indiqué dans un communiqué que ses négociateurs avaient émis "des avis négatifs pour les deux premiers accords (chômage et seniors) et positif pour le troisième (dialogue social)".

Côté patronal, la Confédération des PME - dont le négociateur avait jugé l'accord seniors "pas équilibré" -, doit encore donner son verdict formel.

Une manifestation a eu lieu ce vendredi matin au Luxembourg en réaction à ces mesures qui pourraient peser sur les frontaliers.

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L'OGBL et le LCGB ont manifesté contre les discriminations envers les frontaliers. / © RTL

Un "dialogue" et un poids sur le dos des frontaliers

Première organisation à valider les trois accords, la CFTC a souligné que si les partenaires sociaux n'étaient pas parvenus à un compromis, "l’État aurait pu reprendre intégralement la main et durcir drastiquement les règles de l'assurance chômage", comme le gouvernement Attal s'apprêtait à le faire avant la dissolution de l'Assemblée nationale au printemps.

"Alors que la conjoncture économique est marquée par de fortes incertitudes, les partenaires sociaux ont pris leurs responsabilités en menant un dialogue social pragmatique et efficace", s'est réjoui le Medef.

Pour la première organisation patronale, les accords sur l'assurance chômage et l'emploi des seniors "préservent la compétitivité des entreprises, améliorent l'efficacité du modèle social, tout en accompagnant la mise en œuvre de la réforme des retraites".

Mais pour les frontaliers, cette baisse importante de leurs indemnités de chômage se traduirait inévitablement par des difficultés financières, eux qui vivent dans des zones où l'immobilier est plus élevé et font face à des dépenses quotidiennes parfois plus importantes que le reste de la population.

En 2023, le chômage perçu par les quelque 17.000 frontaliers du Luxembourg s'élevait, en moyenne, à 1.781€ par mois. Pour une facture finale de 137,1 millions d'euros, à charge de la France.

Plus de baisses que de hausses

L'U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi annoncé jeudi être "signataire des trois accords", en soulignant notamment qu'ils replacent "les partenaires sociaux au centre du jeu social et économique".

Dans un communiqué, la CFDT a indiqué que son bureau national a décidé jeudi "à l’unanimité" de signer les trois accords "porteurs d'avancées", en soulignant notamment qu'un des enjeux était de "protéger les demandeurs d’emploi des velléités de responsables politiques de faire de l’assurance chômage une variable d’ajustement budgétaire en durcissant injustement ses règles".

Pour le premier syndicat français, ces accords "démontrent toute l’importance de la démocratie sociale et son apport constructif à un fonctionnement démocratique apaisé dont notre pays a plus que besoin".

Quant à FO, son bureau confédéral "fait le constat qu’aucun de ces accords ne contient de recul social". Le syndicat "a décidé de signer ces trois accords qui réaffirment l’importance et la pertinence du paritarisme et de la négociation collective", indique un communiqué qui "rappelle au gouvernement son engagement de transposer intégralement ces accords et d’agréer la convention d’assurance chômage".

L'accord chômage prévoit aussi un relèvement des bornes d'âge ouvrant droit à une indemnisation plus longue.

La CGT a fait le calcul et communique que l'accord sur l'assurance chômage comportait "six fois plus de baisses que de hausses au total" de droits pour les demandeurs d'emploi.

L'accord seniors crée un CDI de "valorisation de l'expérience" destiné aux chômeurs de 60 ans et plus et permet l'accès à la retraite progressive dès 60 ans, soit à terme quatre ans avant l'âge légal de départ, contre deux aujourd'hui.

À la demande des syndicats, l'accord sur le dialogue social propose de supprimer la limite de trois mandats pour les représentants du personnel dans les entreprises. Il "permet pour la première fois de revenir sur les ordonnances travail de 2017", se félicite FO, qui rappelle qu'il prévoit aussi "d’ouvrir début 2025 une négociation sur la valorisation des parcours syndicaux".