
A partir du 1er novembre, les contrôles aux frontières seront à nouveau rétablis entre la France et le Luxembourg pour une durée minimale de six mois. Si la mesure n'est pas nouvelle, elle inquiète les frontaliers. Le gouvernement luxembourgeois a réagi.
La France vient de notifier à la Commission européenne qu'elle effectuera à nouveau des contrôles aux frontières avec ses six pays voisins à partir du 1er novembre et jusqu'à fin avril. Pour justifier la prolongation de cette mesure employée fréquemment depuis 2015, les autorités françaises évoquent de "graves menaces à l’ordre public et à la sécurité intérieure posées par les activités terroristes de haut niveau, la présence croissante de réseaux criminels facilitant la migration irrégulière et le trafic, et les flux migratoires qui risquent d’être infiltrés par des individus radicalisés."
Reste que, du côté du Luxembourg, cette annonce a suscité des critiques et des inquiétudes parmi les travailleurs frontaliers au Luxembourg. La libre circulation des personnes, "ce droit fondamental des travailleurs (...) ne peut pas être remis en question" a plaidé vendredi le LCGB, rappelant que "47 % des 485.000 salariés au Luxembourg sont des frontaliers, dont la moitié provient de France".
Dans une interview sur RTL lors de sa visite en Slovénie, le ministre de l'Intérieur Léon Gloden a assuré que les contrôles seraient similaires à ceux effectués lors des Jeux olympiques l'été dernier, soulignant qu'il n'y avait pas d'embouteillages importants à cette époque. Léon Gloden doit s'entretenir avec le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau la semaine prochaine.
Le Premier ministre luxembourgeois Luc Frieden a de son côté profité du sommet européen pour discuter de ces contrôles aux frontières avec le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz. Il déclare leur avoir "clairement dit" qu'"il ne pensait pas que ce soit une bonne idée", et qu'il a trouvé le président français "plus compréhensif" sur cette question que le chancelier allemand. Luc Frieden a néanmoins souligné que les frontières de l'UE "devaient être renforcées afin de mettre un terme à l'immigration clandestine".
Les contrôles aux frontières avec l'Allemagne provoquent des bouchons
Selon les règles de Schengen, un pays peut mettre en place des contrôles aux frontières s'il existe des inquiétudes concernant la sécurité publique. Retailleau a informé la Commission européenne que de telles inquiétudes existent déjà.
Gloden a souligné que Schengen doit rester opérationnel et a remis en question l'efficacité des contrôles aux frontières déjà appliqués en Allemagne .D'ailleurs, souligne le LCGB, depuis que les automobilistes sont contrôlés à la frontière germano-luxembourgeoise, les bouchons y sont devenus "récurrents". À tel point que le syndicat dit avoir reçu de "nombreuses réclamations" des travailleurs concernés.
Comme le rappelle la Ligue des droits de l'homme (LDH), "la France a rétabli les contrôles à ses frontières intérieures en octobre 2015 et les maintient constamment verrouillées depuis" cette année 2015 marquée par de sanglants attentats (Charlie Hebdo, magasin Hyper Cacher, Nice, Bataclan...)
Pourtant, "en vertu du principe de libre circulation dans l’espace Schengen, un Etat membre ne peut rétablir les contrôles à ses frontières intérieures plus de 6 mois, sauf apparition d’une nouvelle menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure", c'est à dire que cette menace doit être distincte de la précédente. "Au mépris du droit de l’Union européenne (UE) et depuis près de dix ans, le gouvernement impose donc un contrôle systématique et permanent des mouvements de personnes étrangères à ces frontières, notamment terrestres" affirme la LDH.