Au cours de la première quinzaine d'août de cette année record, l'Europe avait connu une vague de chaleur exceptionnelle. Et malheureusement meurtrière dans de nombreux pays.

Vingt ans en arrière, le sujet du réchauffement climatique n'alimentait guère les conversations à la terrasse des cafés, problématique surtout réservée à quelques initiés ou scientifiques. L'épisode de la canicule de 2003 peut être considéré comme un des repères fondateurs de la prise de conscience du phénomène dans nos sociétés européennes.

Cette vague de chaleur brutale a pris tout le monde de cours, de la péninsule Ibérique à l’Europe centrale, induisant des températures supérieures de plusieurs degrés aux valeurs saisonnières de juin à la mi-août. L’épisode s'est singularisé par son intensité et son exceptionnelle durée (deux semaines). En France, c’est à partir du 31 juillet que la situation a empiré avec l’arrivée de la masse d’air chaud par les Pyrénées, qui recouvrit l’ensemble du territoire à partir du 4 août.

Une surmortalité de 34,7% en France en août 2003 

La France est considérée comme le pays le plus touché. C'est en même temps l'un des pays les plus transparents en matière de chiffres. Jean-Paul Sardon, chargé de recherches à l'INED, Institut national d'études démographiques et collaborateur de l'ODE, Observatoire démographique européen, a mis en lumière le décalage entre la France et ses voisins dans un rapport paru en 2006. Il y précise que, "dès la révélation des effets de la canicule sur la mortalité des personnes âgées, une polémique a alimenté les médias de l'Hexagone, où l’information sur les pays voisins était à peu près inexistante. Cela tendait à laisser croire que la France était le seul pays sévèrement touché, avec un surcroît de près de 15.000 décès, sans doute du fait de l’inexpérience et d’un manque d’adaptation des moyens mis en œuvre pour lutter contre les effets d’une chaleur excessive."

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© MYCHELE DANIAU - AFP

D'où le différentiel entre la France et ses voisins, comme l’Italie où le ministère de la Santé avait annoncé une surmortalité de 8.000 personnes, soit deux fois moins qu’en France, ou le Portugal qui estimait le surcroît de décès à 1.316. L'analyse faite par l'Observatoire démographique européen évalue plutôt à 2.310 le nombre de décès au Portugal, soit une surmortalité de 25,9 %.

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© Observatoire démographique européen

Au Luxembourg, pas de chiffres officiels mais...

Selon Jean-Paul Sardon, la canicule de 2003, avec ses conséquences démographiques, a donc touché presque exclusivement l’Europe du Sud (péninsule Ibérique, France et Italie), le Luxembourg ayant été atteint, comme l’Allemagne et peut-être la Suisse, par une extension du phénomène qui enveloppa la France. "Au Luxembourg, les conséquences ont été assez sévères car le pays entier fut touché, du fait de sa faible superficie", précise le rapport.

Au Grand-Duché cependant, il n’y a pas eu de chiffres officiels. Mais selon l’Observatoire démographique européen, la surmortalité au Grand-Duché a été estimée à 16,6 % au mois d’août 2003. Pour obtenir ce résultat, le chercheur a estimé la surmortalité imputable à la canicule en rapportant le nombre de décès du mois d’août, corrigé des variations saisonnières, à la tendance (soit la moyenne mobile du nombre de décès calculée sur 25 mois et centrée sur le mois d’août 2003). Le chercheur a ainsi pu établir le tableau ci-dessus.

L'administration luxembourgeoise des services techniques de l'agriculture a enregistré le 8 août 2003 une température maximale de 41,5°C pour la station d'Oberkorn. Des températures supérieures à 40°C ont également été mesurées le long de la Moselle au Luxembourg.

Le Portugal et la France sont les pays où l’on a enregistré le nombre de jours avec des températures maximales supérieures à 35˚C le plus élevé. Durant l’été 2003, des incendies gigantesques ont ravagé le centre et le sud du Portugal, faisant au total 20 morts. 425.000 hectares ont été réduits en fumée, soit près de deux fois la superficie du Luxembourg.

Plans canicule et prévention

Désormais, les différents pays sont mieux armés et préparés pour faire face à ces vagues de chaleur. Ce mardi au Luxembourg, Paulette Lenert, ministre de la Santé, et le Dr. Jean-Claude Schmit, directeur de la Santé, ont réactivé un plan canicule ambitieux.

Au Portugal, où l'on redoute chaque année les feux de forêt depuis l'hécatombe de 2017 (115 victimes), la prévention joue un grand rôle. Pour cette année, le dispositif de lutte contre les incendies de forêt compte 65 avions, soit cinq de plus qu'en 2022, a indiqué lundi le ministre de l'Intérieur José Luis Carneiro. Les feux de forêt avaient consumé l'année dernière plus de 110.000 hectares, soit quatre fois plus environ que l'année précédente.