Désormais, un quart des personnes qui investissent dans la ville frontalière de Villerupt viennent du Grand-Duché. Parmi eux, beaucoup de résidents d'origine portugaise découragés par les prix astronomiques de l'immobilier luxembourgeois.

Oui, la démographie luxembourgeoise explose: déjà 600.000 résidents, bientôt un million prédisent les experts. Mais pour une fois, ne parlons pas de ces milliers de personnes qui s'installent au pays. Parlons de celles et ceux qui ont vécu au Grand-Duché, et qui décident pourtant d'aller s'installer de l'autre côté de la frontière.

Exemple à Villerupt, en France, où l'on voit de plus en plus de plaques d'immatriculations luxembourgeoises. La raison est évidente: "Ici, le prix du logement ancien se situe aux alentours de 2000 euros le m2, alors que dans le bassin minier luxembourgeois, on est aux alentours de 5000 euros minimum" résume le maire Alain Casoni.

C'est simple: dans cette commune de près de 10.000 habitants, "Pratiquement le quart des biens immobiliers mis sur le marché sont achetés par des personnes résidant au Grand-Duché et qui viennent s'implanter à Villerupt" poursuit-il. Et parmi eux, on trouve une forte proportion de personnes d'origine portugaise qui ne veulent plus payer le prix fort pour avoir un toit.

"ILS DÉPASSENT LE MILLIER D'HABITANT"

"C'est un phénomène qui prend une ampleur grandissante" poursuit le maire. "Dans un premier temps, Villerupt a accueilli des personnes d'origine portugaises qui résidaient au Luxembourg, une immigration effectivement liée aux prix élevés de l'immobilier. Mais depuis peu, on assiste à une deuxième tendance, l'arrivée de personnes qui vivaient au Portugal, et qui souvent rejoignent leurs proches à Villerupt."

Impossible d'avoir des chiffres précis car les statistiques ethniques sont interdites en France. Mais la tendance est là: chaque année, les services municipaux reçoivent des centaines de demandes d'attestation de résidence de personnes d'origine portugaise. Ces Portugais "dépassent largement le millier d'habitant" à Villerupt, estime Alain Casoni.

Pour autant, l'élu, qui rappelle ses origines italiennes, n'y voit aucun problème: "C'est un phénomène que l'on connaît bien à Villerupt. On revit un épisode qu'on a déjà vu dans la première moitié du XXe siècle, avec les Italiens bien sûr, mais aussi avec les Pays de l'Est et du Maghreb."

RTL

Le 42e festival du film italien vient de débuter à Villerupt. / © Villerupt

LA "PETITE ITALIE" DEVIENT LE "PETIT PORTUGAL"

La "Petite Italie", comme on surnomme cette commune célèbre pour son festival du film italien, se met à l'heure portugaise. "On diffuse de plus en plus de communications municipales en portugais, comme lors du dernier recensement, mais aussi dans les écoles. Et on travaille pour traduire certains services du site web de la ville en portugais." Et en luxembourgeois, peut-être? "Non ce n'est pas prévu. La priorité, c'est le portugais, notamment pour ceux qui arrivent directement du Portugal et qui ne parlent pas très bien le français".

Une nouvelle page est donc en train de s'écrire dans la commune frontalière. En douceur, assure le maire: "Progressivement, ces familles portugaises commencent à s’insérer dans la vie locale, à travers des commerces -boulangerie, boucherie, etc-, des lieux de retrouvailles, la vie associative, les enfants qui s'inscrivent dans les clubs sportifs..." Une fois encore, insiste-t-il, "l'Histoire nous a appris que l'intégration doit être envisagé sur le temps long".

Et peut-être qu'un jour, qui sait, on viendra à Villerupt pour son Festival du film... portugais?