De nombreuses études se proposent de classer les pays où il fait bon vivre. L'index établi par Numbeo, une base de données, classe le Luxembourg champion du monde de la qualité de vie. Mais sur quoi se base vraiment cette étude? Explications.

On connaissait le World Happiness Report, la célèbre publication sponsorisées par les Nations Unies sur le bien-être global qui classait le Luxembourg à la neuvième position des pays où il fait bon vivre.

Un nouveau classement, établi par Numbeo, qui se présente comme  la plus grande base de données au monde sur les villes et les pays, classe le Luxembourg à la première place mondiale sur la qualité de vie.

Le Grand-Duché y obtient la note globale de 218,2 et occupe la première place des pays où il fait bon vivre. Il devance les Pays-Bas et le Danemark sur le podium. Nos voisins sont assez loin puisque l'Allemagne est 10e, la Belgique 26e et la France seulement 29e.

Mais si l'on s'intéresse au mode de calcul de Numbeo, les choses sont un peu moins claires. Leur Indice de qualité de Vie s'avère être une estimation utilisant une formule empirique qui prend en compte l'indice de pouvoir d'achat, l'indice de pollution, le prix de l'immobilier par rapport au revenu, l'indice du coût de la vie, l'indice de sécurité, l'indice des soins de santé, l'indice du temps de déplacement et l'indice du climat. La pseudo étude mélange donc des choses incroyablement différentes.

Estimation au doigt mouillé?

Et ce classement n'agrège pas des données officielles mais provient d'un site qui se fonde sur des avis subjectifs donnés par des internautes, qui ne sont pas représentatifs de la population générale.

Alors, certes, le site Numbeo se présente comme "la plus grande base de données sur le coût de le vie du monde" et a été fondé, selon sa page de présentation, par un ingénieur en informatique serbe en 2009.

Mais les classements qu'il propose n'ont rien d'officiel : ils représentent les avis de certains internautes, qui ne constituent pas un échantillon représentatif de la population, donnés via un bref formulaire sur un site internet.

Un site déjà épinglé par l'AFP

Les classements établis par Numbeo on déjà fait l'objet de nombreuses critiques. Ainsi, en 2022, onze villes françaises, Nantes et Marseille en tête, figureraient parmi les quinze premières places du "classement des villes les plus criminelles d'Europe". C'est en tout cas ce qu'assuraient ces publications devenues virales sur les réseaux sociaux et relayées par plusieurs candidats d'extrême droite.

Mais là encore, l'étude ne reposait sur aucune donnée scientifique. Cet indicateur était établi par l'agrégation d'avis d'internautes ayant donné leur ressenti dans un questionnaire. Ainsi, il est tout à fait possible pour une personne de donner son avis sur la criminalité à Nantes, sans jamais avoir mis les pieds dans cette ville.

L'AFP avait d'ailleurs rétabli la vérité à travers un Fact check, expliquant que le site ne présentait en aucun cas des données officielles ou représentatives des populations concernées, comme l'avaient expliqué plusieurs chercheurs à l'Agence France Presse.

"C'est trompeur d'affirmer en tirer une représentation des villes les plus criminelles : ce qui est présenté, ce sont des villes qui sont ressenties comme celles ayant le plus de criminalité, par un certain nombre d'internautes. Mais pour des études en sciences sociales, cette approche ne vaut rien", estime David Weinberger, directeur de l'Observatoire des criminalités internationales de l'IRIS.

Une seule personne peut changer le classement

Pour souligner le manque de fiabilité de telles études, des médias suédois et le site TF1 Info, ont montré en 2017 comment un internaute résidant en Suède avait déjà, à force de voter en défaveur de la petite ville étudiante de Lund, artificiellement fait passer cette ville comme la plus dangereuse du monde dans les classements du site, afin de dénoncer le manque de crédibilité de certaines informations présentes en ligne.

Il n'en reste pas moins qu'il fait bon vivre au Luxembourg. Mais le classement "World Happiness Report", parait tout de même plus fiable que les études de Numbeo.

Le "World Happiness Report", publié depuis 2012, utilise principalement des sondages Gallup demandant aux habitants leur propre niveau de bonheur. Mais le tout est croisé avec le PIB et des évaluations concernant le niveau de solidarité, de liberté individuelle et de corruption, pour aboutir à une note globale.

Une méthode sans doute un peu plus fiable, même si elle repose aussi sur un ressenti.