Ils étaient à la recherche de la mystérieuse "neuvième planète". À la place, des scientifiques américains pensent avoir découvert une nouvelle planète naine aux frontières du système solaire.

Les roches glacées situées dans la ceinture de Kuiper, au-delà de Neptune,  ont tendance à suivre une orbite regroupée dans une direction particulière. Il y a vingt ans, des astronomes ont avancé que ce phénomène serait dû à l'attraction gravitationnelle d'une neuvième planète, pouvant être dix fois plus  massive que la Terre, qui aurait échappé à toutes les observations.
       
C'est en recherchant ce monde mystérieux, dont l'existence fait débat, qu'un trio d'astronomes américains affirme avoir découvert une nouvelle candidate au titre de planète naine. Baptisé 2017 OF201, l'objet fait environ 700 kilomètres de diamètre, selon une étude préliminaire publiée la semaine dernière, qui n'a pas encore été évaluée par des pairs. 
       
Trois fois plus petite que Pluton, mais suffisamment grand pour entrer dans  la catégorie des planètes naines, a indiqué à l'AFP le principal auteur de  l'étude Sihao Cheng, de l'Institut des études avancées du New Jersey, aux États-Unis. 
       
L'objet est actuellement trois fois plus éloigné de la Terre que Neptune.  Mais son orbite extrêmement allongée l'amène à plus de 1.600 fois la distance  entre la Terre et le Soleil, jusqu'au nuage d'Oort, à la frontière du système solaire.  Au cours de ce voyage de 25.000 ans, l'objet ne serait observable de la  Terre que 0,5% du temps, soit environ un siècle.

Pluton, Cérès, Eris...

       
"Il devient déjà de plus en plus faible", note M. Cheng, selon qui cette  découverte suggère qu'il pourrait y avoir "plusieurs centaines d'objets  similaires sur des orbites similaires" dans la ceinture de Kuiper.
       
Les chercheurs demandent désormais du temps pour orienter les télescopes  James Webb, Hubble et Alma vers leur découverte. Un astronome amateur californien de 23 ans, Sam Deen, avait déjà réussi à  suivre la candidate planète naine sur d'anciennes bases de données. "OF201 est,  selon moi, probablement une des découvertes les plus intéressantes du système  solaire externe depuis une décennie", a-t-il dit à l'AFP.
       
Après sa découverte en 1930, Pluton a porté un temps le titre de neuvième planète du système solaire. Avant d'être rétrogradée au rang de planète naine en 2006, notamment en raison de sa petite taille - elle est plus petite que notre  Lune. Notre système en compte quatre autres : Cérès, Eris, Makémaké et Hauméa.
       
Quand les chercheurs ont modélisé l'orbite de 2017 OF201, ils ont découvert qu'elle ne suivait pas la tendance regroupée des objets similaires dans la  ceinture de Kuiper. Ce qui pourrait remettre en question l'hypothèse de  l'existence d'une neuvième planète. Des données supplémentaires sont nécessaires, insiste M. Cheng.
       
Cette "formidable découverte" et d'autres similaires signifient que  "l'argument initial en faveur de l'existence d'une neuvième planète devient de  plus en plus faible", estime de son côté Samantha Lawler, chercheuse à l'université canadienne de Regina.
       
"Nous sommes à une époque où de gros télescopes peuvent presque voir les  confins de l'Univers", mais notre "jardin" reste largement un mystère, note M.  Cheng.  Il espère obtenir des réponses sur la neuvième planète grâce à  l'Observatoire Vera Rubin, qui doit entrer en service cette année au Chili.
       "Je ne pense pas que nous aurons à nous poser la question de son existence  encore très longtemps", juge de son côté M. Deen.