Dans le cadre de l'European Month of Photography Luxembourg (Emoplux), Paulo Lobo, photographe d'origine portugaise, expose jusqu'au 7 juillet 2023 une sélection de ses œuvres au Centre culturel portugais Camões.

"Ces photos reflètent l'interrogation de ce que c'est que d'être portugais au Luxembourg, ce que ça veut dire". Cette année, le mois de la photographie a pour thème l'identité, une thématique qui est au cœur des œuvres de Paulo Lobo dont l'exposition met les Portugais du Luxembourg à l'honneur.

Sa réflexion sur l'identité, Paulo Lobo la décompose à travers trois séries photographiques exposées au Centre Camões. "Ça fait 30 ans que je réfléchis à la question de l'identité, à ce que ça fait d'être portugais". En parcourant ces trois séries, le visiteur plonge dans le questionnement de l'artiste. Des réponses? Paulo Lobo n'en fournit pas, il n'en dispose pas, admet-il. "Ce sont des questions ouvertes".

Arrivé tout petit au Luxembourg, le photographe se confiait déjà sur son rapport avec son pays d'origine et son pays d'adoption dans un épisode de Portugais du Luxembourg: "Je suis entre les deux. Je ne dirais pas ni l'un ni l'autre, je suis l'un et l'autre".

Ces questions identitaires, Paulo Lobo se les pose donc depuis longtemps, il les approfondit à travers son art, que ce soit par la photographie de rue ou par des portraits de Portugais lors d'événements culturels traditionnels. Il scrute, observe, immortalise à travers son objectif, poussé par l'envie toujours, de mettre le doigt sur ce qui fait vraiment une personne, son identité, son âme: "Mais l'âme, c'est quoi? qu'est-ce qui constitue l'âme d'une personne? Est-ce que c'est uniquement son visage, sans artifices, ou est-ce que sa tenue compte aussi? L'âme c'est ce qu'il y a de plus profond". Ces réflexions sont tangibles tout du long de son exposition qu'il a d'ailleurs nommée "Alma Pintada", âme peinte.

Dans la première série de l'exposition, "O sol chama por mim" (Le soleil m'appelle), Paulo Lobo présente des photos de Portugais, prises sur le vif, dans les rues de Differdange et d'Esch à l'occasion de fêtes ou de rencontres. Ces clichés, Paulo les a immortalisés durant les années 2000, en quête alors "de documenter les manifestations de l'identité portugaise dans l'espace urbain luxembourgeois." Il photographie des personnes d'origine portugaise dans les rues, dans les cafés, toujours de manière spontanée et avec le désir de retranscrire l'esprit portugais. "Ils reconstituent une sorte de petit Portugal, finalement ils reconstituent leur identité de cette manière-là".

RTL

La deuxième série de photos, "Longe daqui" (Loin d'ici), présente des portraits posés que le photographe a réalisés avec le groupe culturel "Grupo etnográfico do Alto Minho". Une sorte de dialogue entre deux cultures, où se font face tenues traditionnelles portugaises et lieux d'ancrage luxembourgeois. Finalement, comme une confrontation entre traditions et terre d'accueil, confrontation qui "avec le temps va s'estomper un peu, déjà aujourd'hui beaucoup de Portugais qui sont nés ici ne s'identifient pas aux clichés folkloriques que j'ai représentés ici", estime Paulo.

Dans une troisième série, le photographe s'attelle à montrer ce qui se cache derrière le masque endossé en société, et photographie "l'individu dépouillé de ses artifices". En noir et blanc, en argentique, plan serré, il libère le spectateur de toute distraction, seul le visage compte, et avec lui, surtout, le regard.

Ces réflexions sur l'identité ont une place importante dans la vie du photographe originaire de Baixa da Banheira, comme il nous le confiait lors de son interview dans Portugais du Luxembourg: "Il y a toujours cette nostalgie du pays, ce fameux fado, cette mélancolie, elle est toujours là, ça fait partie de moi."

RTL

La troisième série photographique présente l'individu dépouillé de tout artifice. / © Alice Welter