Le Néerlandais de 37 ans, connu pour sa créativité audacieuse et engagée, présente dimanche à Paris sa première collection Jean Paul Gaultier.

Nommé directeur créatif de la maison de couture en avril, le créateur est le premier successeur permanent de Jean-Paul Gaultier depuis son départ en 2020.

Depuis cette date, le styliste français de 72 ans, surnommé "l'enfant terrible de la mode", avait confié ses collections haute couture à des créateurs invités comme le Français Olivier Rousteing (Balmain) et le Belge Glenn Martens (Maison Margiela).

Encore peu connu du grand public, Duran Lantink s'est affirmé ces dernières années comme l'une des valeurs montantes de la mode.

Ses défilés, parmi les plus scrutés de la Fashion Week parisienne, ont imposé des silhouettes bombées, comme gonflées à l'hélium, des jeux de transparences osés ou des fourreaux sculpturaux, toujours avec une pointe d'humour.

RTL

Le styliste néerlandais Duran Lantink salue le public après avoir présenté ses créations pour la collection Prêt-à-porter Femme Automne-Hiver 2025/2026 lors de la Fashion Week de Paris, le 9 mars 2025 / © AFP/Archives

Un travail qui n'est pas sans rappeler celui de son prédécesseur, qu'il cite volontiers en référence.

"Je retrouve en lui l'énergie, l'audace et l'envie de s'amuser à travers le vêtement que j'avais moi-même à mes débuts", confirme Jean-Paul Gaultier.

"Il a un monde, un univers, il a quelque chose à dire", analyse auprès de l'AFP Sophie Fontanel, rédactrice en chef de la rubrique mode du Nouvel Obs.

Au-delà de sa créativité, Duran Lantink séduit aussi par sa personnalité. "Il a quelque chose de très solaire, un côté accessible, lumineux, facile", relève Alix Morabito, directrice de l'offre et des achats aux Galeries Lafayette.

Mode durable

Diplômé de la Gerrit Rietveld Academie en 2013 et du Sandberg Instituut en 2017, tous deux à Amsterdam, Duran Lantink s'est fait connaître en 2018 en créant les "pantalons-vagins" portés par la chanteuse américaine Janelle Monáe et ses danseuses dans le clip "Pynk".

RTL

Présentation des créations du styliste Duran Lantink pour la collection prêt-à-porter féminin automne-hiver 2025/2026 lors de la Fashion Week de Paris, le 9 mars 2025 / © AFP/Archives

Il a depuis habillé d'autres stars comme Billie Eilish, Lizzo et Beyoncé, pour qui il a conçu un long trench doré scintillant au col oversize.

En 2019, il lance sa marque éponyme. Stoppé en plein élan par la pandémie de Covid-19, il présente sa première collection à la Fashion Week de Paris en 2023, ancrée dans l'idée d'une mode durable.

Le styliste incarne ainsi les préoccupations de sa génération: sa mode, en plus d'être unisexe, est produite en grande partie à partir de stocks non utilisés de grandes maisons de luxe, une approche baptisée "upcycling" en anglais et "surcyclage" en français.

"Depuis mon plus jeune âge, je découpe des vêtements et des pièces pour les réutiliser. Ça fait partie de mon ADN", confiait-il en 2023 à l'AFP, réfutant toute posture.

Cette même année, il remporte le prix spécial de l'association ANDAM, une récompense prestigieuse qui accompagne les jeunes talents. Suivront le prix Karl Lagerfeld  en 2024 et l'International Woolmark Prize en avril 2025.

RTL

Présentation des créations du styliste Duran Lantink pour la collection prêt-à-porter féminin automne-hiver 2025/2026 lors de la Fashion Week de Paris, le 9 mars 2025 / © AFP/Archives

En mars, sa collection automne-hiver 2025-2026, a frappé les esprits par son jeu sur les stéréotypes de genre, une mannequin affichant un faux torse d'homme musclé, tandis qu'un modèle masculin arborait une poitrine opulente en silicone. Des images devenues virales.

Pour Elvire von Bardeleben, responsable de la rubrique mode au quotidien Le Monde, il fait partie de ceux "qui ont les bonnes idées au bon moment et qui fait que tu as envie de les suivre".

Son arrivée chez Jean Paul Gaultier suscite l'enthousiasme, mais soulève aussi des interrogations. "Gaultier, avec beaucoup d'intelligence, a misé sur lui, mais je ne suis pas sûre que ce soit son destin final. Je l'aurais bien vu dans une très, très grande maison ", souligne Sophie Fontanel.