
En concert ce lundi soir à L'Atelier à Luxembourg, Charlie Winston revient sur scène avec un cinquième album introspectif.
As I Am. Propulsé sur le devant de la scène dès son premier single "Like a Hobo" il y a 14 ans, et profitant d'une popularité renforcée en France avec "Dusty Men" (2012) en duo avec le Belge Saule, Charlie Winston revient avec un cinquième album facile à traduire en français: "Comme je suis". Lundi soir, il passera par L'Atelier, plus de sept ans après sa dernière apparition sur la scène luxembourgeoise.
L'auteur-compositeur-interprète britannique s'est fait oublier ses dernières années, ne faisant que de brèves apparitions en festival ou en concert en 2019, en dépit de la sortie de son quatrième album Square 1 sorti un an plus tôt. Son retour sur scène a été contrarié par la pandémie mondiale du covid, comme beaucoup d'artistes, une période qui d'une certaine façon lui a été profitable pour l'élaboration de ce cinquième album.
On parle de retour car en 2017, Charlie Winston avait annoncé arrêter purement et simplement la musique. "Je ne pouvais pas imaginer partir en tournée avec toute cette douleur" nous explique t-il. Cette douleur, c'est celle qui lui martyrisait le dos depuis des années et qui l'a mené jusqu'à suivre une psychothérapie.
"J'ai eu mal au dos durant toute ma vie. Quand j'avais une vingtaine d'années, je me disais toujours que, quand ma situation financière s'améliorerait, je découvrirai ce que j'ai. Et puis, il y a eu ce grand succès avec mon premier album. J'ai alors vu tous les spécialistes que vous pouvez imaginer: thérapeutes, masseuses, ostéopathes, physiothérapeutes, j'ai fait de l’acupuncture, de la réflexologie, du reiki..." nous liste t-il.
À ce moment-là, le chanteur soignait encore ses maux via une approche très médicale. "C'est comme ça que la santé est abordée dans notre société. On est conditionnés. Moi, je ne m'imaginais pas du tout suivre une psychothérapie un jour. J'ai pris des anti-inflammatoires de plus en plus lourds et tout un tas de médicaments. Mais la douleur s'est aggravée en 2015. J'en ai eu assez, je ne pouvais plus continuer la musique."
C'est à la suite d'une hernie discale qui s'est déclenchée juste après que Charlie Winston a commencé à s'intéresser à sa psyché. "J'étais dans une période vraiment sombre." Un vieil ami d'école lui a envoyé un livre "Healing Back Pain: The Mind-Body Connection" ("Guérir le mal de dos: une relation corps-esprit"), écrit par un médecin de New York, John E. Sarno. "Il a écrit trois livres, je les ai tous lu. Dans ses bouquins, il cite un psychothérapeute avec qui il travaille. Je l'ai contacté et j'ai travaillé avec lui. Neuf mois plus tard, je ne ressentais pratiquement plus aucune douleur."
Le chanteur dit s'être rétabli en "comprenant la psychologie de mon inconscient". Il résume : "Ce que je considère dans mon inconscient comme étant des émotions inacceptables, engendre une privation d’oxygène et cela est compris par mon esprit conscient comme étant une douleur."

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En ce sens, la période du covid l'a aidé à continuer d'en apprendre plus sur lui-même. De persévérer dans ses explorations, y compris au niveau musical.
"Cela n’aurait pas pu arriver à un meilleur moment, vraiment. Nous avons tous dû prendre du recul et regarder nos vies, pour se poser la question : "Est-ce bien la vie que j’ai choisie ou est-ce que je suis juste sur un chemin que je ne me suis pas tracé ?" Je pense que, pour tracer le chemin que vous voulez vraiment suivre, vous devez être conscient de votre construction et de la façon dont vous réagissez à certaines choses."
Charlie Winston, qui vit désormais dans le sud de la France, évoque ses questionnements dans certains titres de As I Am, comme "Exile".
"Tout le monde croît que je parle de mon exil en France dans cette chanson, ce qui est en partie vrai. Mais j'évoque aussi l'exil que j’ai créé dans mon propre esprit, à travers mon histoire familiale" se confie le chanteur britannique. "Vous savez, j'étais le troisième enfant, je devais trouver ma place dans la famille. J'ai toujours été dans la gestion des émotions. C'est bien, mais ça a généré aussi beaucoup de rage et de colères internes inconscientes qui ont fini par se manifester par des douleurs physiques."
Aujourd'hui, Charlie Winston veut se montrer tel qu'il est, quelqu'un de "normal"... même débarrassé de son célèbre chapeau. "J’apprends à l'être et à comprendre qu’être normal est acceptable. C’est pour cela que, sur la pochette de mon album, je porte juste une sorte de sweat-shirt sans aucun accessoire, ni chapeau. Je voulais être naturel. C’est une question d’acceptation de soi-même."
🎙️ L'interview complète de Charlie Winston, en anglais, à retrouver sur RTL PLAY.