Compositeur aux deux Oscars, Alexandre Desplat propose ce soir "En Silence", la création mondiale d’un opéra de chambre très attendu.
Le Grand Théâtre de Luxembourg poursuit ses collaborations de haut vol avec des pointures internationales. Après une Traviata où Bob Wilson a montré l’étendue de sa poésie, c’est le doublement oscarisé (pour les musiques de The Grand Budapest Hotel en 2015 et The Shape of Water en 2018) Alexandre Desplat qui sera à l’honneur avec "En Silence".
En Silence est une nouvelle de l’écrivain japonais Yasunari Kawabata, dont l’univers subtil et nuancé, dans une prose poétique simple et fluide, a inspiré un opéra de chambre au duo formé par le compositeur Alexandre Desplat et la metteure en scène-musicienne Solrey.
Cette nouvelle interroge le processus créatif, le mystère de l’écriture et de l’inspiration. Un jeune écrivain rend visite à son maître écrivain plus âgé. Victime d’un accident vasculaire cérébral, ne peut ni parler ni écrire et se refuse même le recours au moindre geste, comme si la négation de soi était devenue sa dernière affirmation. Un tel silence entraîne les protagonistes à s’engager dans des conversations sans réponse, génératrices de pensées pour le patient fantôme.
Pour le couple qui collabore depuis 25 ans, cette nouvelle agit comme un détonateur. La violoniste Solrey, victime d’un accident, ne peut plus se servir de sa main gauche: "la nouvelle de Kawabata a fait écho à la blessure profonde du silence de mon violon".
Restait à trouver le moyen de monter cette création. La rencontre avec le percussionniste luxembourgeois Guy Frisch a fait le reste. Ce sont les musiciens de l’ensemble Lucilin qui sont partie constituante de cette scénographie et qui incarneront les sons-couleurs, les timbres-formes, la respiration et le silence.
De même que la littérature de Kawabata ouvre l’imaginaire du lecteur à l’infini, les partitions de Desplat pour le cinéma évoquent une mélancolie évanescente, des émotions contenues, des sensations subtiles, ouvrant sur l’invisible et l’intangible propos central de cette nouvelle au titre déjà si musical.
Alexandre Desplat explique les coulisses de la création à Sandy Elsen.
Le mardi 26 février et le mercredi 27 février à 20 h au Grand Théâtre.