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Toute l'Espagne se trouve vendredi en alerte canicule et le front des incendies continue d'inquiéter les autorités, d'autant que l'agence météorologique a émis un avis de risque "très élevé à extrême" pour une grande partie du pays.
Toute la péninsule reste en alerte canicule pour le treizième jour consécutif, et même la Cantabrie, région du nord, jusque-là épargnée, va connaître un pic des températures pouvant dépasser les 40 degrés, a indiqué l'agence météorologique nationale Aemet, mettant en garde contre le risque d'incendies "très élevé ou extrême dans la majeure partie du pays (...) jusqu'à lundi inclus".
Le pays connaît une saison des incendies très intense avec 157.501 hectares déjà réduits en cendres depuis le début de l'année selon les données du Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS). Pour autant, on est encore bien loin des 306.000 hectares partis en fumée en 2022.
L'Espagne a enregistré trois décès dans ces incendies, dont deux jeunes volontaires trentenaires qui ont péri en tentant d'éteindre le feu en Castille-et-Leon (nord-ouest) où une douzaine de feux restent très actifs.
Marcos Ratón travaille dans une ferme porcine à Sesnández de Tábara, près de l'un des feux ayant entraîné l'évacuation de plusieurs milliers d'habitants. Quand lui et ses amis ont vu le feu arriver mardi, ils ont emporté des sacs à dos, battes à feu, tuyaux d'arrosage, ont mis "des vêtements appropriés et (sont allés) là-bas pour donner un coup de main", raconte Marcos à l'AFP.
"À peine arrivés, nous avons commencé à voir des gens brûlés être évacués, une voiture en flammes, un tracteur brûlé, des entrepôts, des garages...", explique le trentenaire qui a ressenti une grande "impuissance".
Persuadé qu'il n'y avait plus "rien à brûler" après les incendies dévastateurs de 2022 dans la région, il se dit désormais convaincu que "cela va continuer à nous arriver année après année" et trouve que la population est "abandonnée".
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Ángel Román, maire de Ferreruela, une proche commune, estime qu'il faudrait procéder à "un nettoyage général autour de tous les villages, pour former une bande de sécurité", notamment "débroussailler et nettoyer autour des maisons". "La campagne, si elle est propre, peut stopper le feu", pense-t-il.
Dans ce contexte, les deux principaux partis, PSOE (socialiste) et PP (conservateur), s’écharpent sur la gestion des incendies, dans un pays où leur extinction relève en principe de la compétence des régions, le gouvernement central n'intervenant qu'en cas de sinistre de grande ampleur. Il peut notamment mobiliser l'Unité militaire d'urgence (UME), très sollicitée ces derniers jours.
Le PP accuse le gouvernement d'avoir réduit les moyens aériens, tandis que le PSOE s'en défend et critique des leaders de l'opposition "absents" du terrain, reprochant à certains d'être en vacances alors que leur région est en proie aux flammes.
En Grèce, qui fait face elle aussi à une vague d'incendies, la situation s'est améliorée sur la majorité des fronts en raison d'une baisse des températures et de l'intensité du vent, ont indiqué les pompiers.
Ces derniers sont toutefois mobilisés autour de Patras - troisième ville du pays qui compte 250.000 habitants - face à des foyers "épars" et restent vigilants quant à d'éventuelles reprises de feux.
Le feu le plus actif reste celui de l'île de Chios, dans le nord-est de la mer Egée. Huit avions sont toujours déployés pour tenter d'y mettre fin.
Au sud de la mer Egée, en Attique et dans le Péloponnèse, le risque d'incendies reste très élevé, a averti la protection civile vendredi.