Le changement de loi sur la migration au Portugal, qui doit se durcir, est toujours en examen et passera devant la Cour constitutionnelle, sur demande du président.

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a saisi la cour constitutionnelle pour un examen des mesures de durcissement de la politique migratoire votées par le Parlement, notamment celles concernant le droit au regroupement familial, a-t-il annoncé jeudi soir.

M. Rebelo de Sousa a demandé à la Cour constitutionnelle un avis "urgent", dans un "délai de 15 jours", selon une note publiée sur le site de la présidence.

Une loi votée par le gouvernement et l'extrême droite

RTL

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa (c) et le Premier ministre portugais Luis Montenegro (d) lors d'une réunion du Conseil d'État au Palais de Belém à Lisbonne, le 13 mars 2025. / © AFP

La décision du chef de l’État intervient après avoir consulté cette semaine les partis représentés au Parlement sur cette loi votée le 16 juillet dernier, grâce aux voix de la coalition gouvernementale de droite et de l'extrême droite, devenue en mai la deuxième force politique du pays.

Ces nouvelles dispositions recentrent notamment l'immigration sur les profils les plus qualifiés et durcissent les règles de regroupement familial.

Un regroupement familial "pourra prendre, au minimum, près de trois ans et demi", ce qui est contraire "au principe de l'unité familiale et de l'intérêt supérieur de l'enfant", estime le président.

Il pointe également un manque de clarté juridique et "de sécurité juridique" puisqu'il y a une limitation du nombre de recours possibles pour les candidats à l'immigration, ainsi qu'une atteinte "aux principes d'égalité et de non discrimination" de plusieurs mesures.

Chega agite la peur d'un "chaos migratoire"

Les partis de gauche ont aussitôt applaudi la décision du président, tandis que le parti d'extrême droite Chega a alerté sur un risque de "chaos migratoire" si cette loi n'entre pas en vigueur. "J'espère que cela ne servira pas de prétexte pour qu'il n'y ait pas de contrôle des frontières", a réagi André Ventura, dirigeant de Chega.

Peu après son arrivée au pouvoir en mars 2024, l'exécutif de Luis Montenegro avait durci les règles migratoires, qui étaient alors parmi les plus souples d'Europe.

Il avait notamment abrogé une mesure permettant la régularisation des immigrés justifiant d'un travail depuis au moins un an et de cotisations à la sécurité sociale, même s'ils étaient entrés dans le pays avec un visa touristique.

Fin 2024, le pays ibérique comptait 1,55 million d'étrangers, soit quatre fois plus qu'en 2017 et environ 15% de la population totale, selon des données officielles.