Au lendemain de la "dévastation" que les Etats-Unis affirment avoir infligée aux sites nucléaires iraniens, Israël a frappé lundi Téhéran "avec une force sans précédent", en particulier la prison d'Evine, et bombardé encore le site nucléaire de Fordo.

La République islamique a de nouveau menacé Washington d'une "action ferme" en riposte à son intervention militaire, tandis que la Chine, les Etats-Unis et l'Union européenne ont dit redouter une fermeture par l'Iran du détroit d'Ormuz par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole.

Frappes israéliennes "sans précédent"

Au 11e jour de guerre entre l'Iran et Israël et au lendemain de l'intervention américaine, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a martelé que son armée "frapp(ait) Téhéran avec une force sans précédent".

Elle a en particulier pris pour cible la prison d'Evine, où sont détenus des prisonniers politiques, des opposants et le couple de Français Cécile Kohler et Jacques Paris emprisonnés depuis trois ans.

Noémie Kohler, soeur de cette femme française, a dénoncé auprès de l'AFP une frappe israélienne "complètement irresponsable" qui "met nos proches en danger de mort".

La justice iranienne a confirmé des dégâts sur l'établissement pénitentiaire.

Des avions israéliens ont également visé à Téhéran des quartiers-généraux des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, selon Effie Defrin, porte-parole de l'armée israélienne.

Israël a aussi bombardé une nouvelle fois le site nucléaire de Fordo, enfoui sous une montagne au sud de Téhéran, afin d'en "bloquer les voies d'accès".

L'Iran menace les Etats-Unis

Au lendemain de bombardements américains par des avions furtifs armés de bombes anti-bunker, les forces armées iraniennes ont averti Washington d'un risque d'"extension de la guerre dans la région".

"Les combattants de l'islam vous infligeront de lourdes conséquences imprévisibles avec des opérations (militaires) puissantes et ciblées", a prévenu leur porte-parole Ebrahim Zolfaghari.

Leur chef d'état-major, Abdolrahim Mousavi, a menacé encore d'une "action ferme" contre "ce crime et cette profanation" que représente selon lui l'opération militaire américaine.

Dimanche, un conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien, Ali Akbar Velayati, avait même averti que les bases des forces américaines dans le Golfe pouvaient être "des cibles légitimes".

Et la télévision d'Etat iranienne a annoncé lundi l'arrestation d'un "ressortissant européen" soupçonné d'être un "espion" au service d'Israël.

Inquiétudes sur le détroit d'Ormuz

Le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté tous les protagonistes du conflit à "éviter résolument la propagation de la guerre et à revenir sur la voie d'un règlement politique".

Pékin, qui importe du pétrole iranien, a mis en garde contre un impact de la guerre sur l'économie mondiale et le commerce international dans le Golfe.

A cet égard, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a "encouragé" la Chine à aider à dissuader l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, voie maritime par laquelle passent 20% de la production mondiale de pétrole.

Une telle fermeture "serait extrêmement dangereuse", a renchéri la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. Quelque 84% du pétrole transitant par cette route, au large de l'Iran, est destiné à la Chine, l'Inde, la Corée du Sud ou au Japon.

Diplomatie ou "changement de régime"

Le président russe Vladimir Poutine a condamné l'intervention américaine contre l'Iran, allié de Moscou, la qualifiant d'"agression non-provoquée", sans "fondement" ni "justification", après avoir reçu le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.

Son ministère à Téhéran a accusé l'ennemi américain d'avoir "trahi la diplomatie" en attaquant l'Iran deux jours avant un cycle de négociations sur le nucléaire prévu le 14 juin à Oman.

De son côté, le président américain Donald Trump s'est ouvertement interrogé sur son réseau Truth Social sur un "changement de régime" en Iran pour lui "rendre de nouveau sa grandeur", après s'être vanté d'une "destruction totale" des sites nucléaires du pays.
La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a enfoncé le clou sur la télévision Fox News: "Si le régime iranien refuse de s'impliquer dans une solution diplomatique et pacifique, à laquelle le président s'intéresse toujours, pourquoi le peuple iranien ne retire pas le pouvoir à ce régime incroyablement violent qui le réprime depuis des décennies?".

L'AIEA veut voir les sites nucléaires iraniens

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a réclamé un accès à ces installations nucléaires pour pouvoir établir ce qu'il est advenu du stock d'uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d'une bombe atomique.

Il a révélé que Téhéran lui avait écrit le 13 juin, jour de l'attaque israélienne, pour la mise en place "de mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire".