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En Europe, les jeunes adultes quittent de plus en plus tard le cocon familial. Le Luxembourg n'échappe pas à cette tendance : l'âge moyen du "grand départ" y est de 27 ans ! Mais faut-il forcément pointer du doigt ces jeunes ? Ont-ils vraiment le choix? Participez à notre sondage.
"Quoi, tu vis encore chez tes parents ?"
C'est le genre de phrase qui fait grincer les dents des "Tanguy". Un surnom peu flatteur pour pointer du doigt les adultes qui habitent toujours chez "papa-maman" à un âge où on a généralement déjà pris son envol. Mais est-ce une question de volonté... ou de possibilités? (Participez à notre sondage, en bas de l'article !)
Pour démêler le vrai du faux, la plateforme Unobravo a analysé dix ans de données officielles européennes.
Premier constat : en Europe, l'âge moyen pour quitter le domicile familial s'établit à 26,6 ans. Mais cette moyenne masque des écarts vertigineux entre les pays. Selon Eurostat, en 2024, quand les jeunes Finlandais quittaient le cocon familial à 21,4 ans, leurs homologues du Monténégro attendaient carrément leurs 33,3 ans.
Au Luxembourg, on est plutôt dans la moyenne, puisque l'âge moyen de départ était de 26,9 ans en 2024. Il faut noter que ce chiffre n'a que peu évolué depuis 2015.
Chez nos voisins, avec 23,5 ans en moyenne, la France se rapproche davantage des pays nordiques. En Allemagne, l'âge moyen est de 24 ans, en Belgique il est de 26 ans. Citons encore le Portugal, car l'âge moyen y est plutôt élevé : 29 ans ! Beaucoup de pays du sud affichent cette tendance : Italie (30,1 ans), Croatie (31,3 ans), Grèce (30,7 ans)...

Prix exorbitants du logement, couples qui se forment de plus en plus tard, études longues et chômage... Les jeunes connaissent aujourd'hui plus de difficultés que leurs parents à se loger. / © Shutterstock
Au-delà des disparités géographiques, l'étude révèle une constante dans toute l'Europe : les hommes restent systématiquement plus longtemps au foyer parental que les femmes. C'est le cas aussi au Luxembourg, où les hommes partent en moyenne à 27,1 ans et les femmes à 26,7 ans.
Cet écart peut sembler anecdotique mais révèle de vraies différences sociétales. En effet, les femmes sont souvent poussées plus tôt vers l'indépendance et la responsabilisation, tandis que les hommes bénéficient d'une plus grande tolérance familiale.
Pourquoi les jeunes tardent-ils tant à quitter le domicile familial?
Pour répondre à cette question, il faudrait étudier en détail chaque pays européen, sa société, son économie, sa culture...
Mais il existe des causes communes assez évidentes. À commencer par le logement ! Au Luxembourg, on en sait quelque chose : le logement pèse toujours plus lourd dans le budget des ménages, et les nouvelles générations galèrent bien plus aujourd'hui qu'à l'époque de leurs parents. Pour beaucoup de jeunes, acheter un logement reste un rêve inaccessible et trouver une location correcte est un parcours du combattant.
Et c'est partout pareil : entre 2015 et 2023, les prix de l'immobilier ont augmenté de près de 50 % dans l'ensemble de l'Union européenne. Mais certains pays s'en sortent mieux. En Finlande, par exemple, les prix des logements ont connu la plus faible augmentation (5,4 %), ce qui facilite grandement l'autonomisation des jeunes. Au Luxembourg, sans surprise, la hausse des prix est bien plus décourageante (+71,5%).
Ensuite, il y a des facteurs comme l'allongement des années d'études ou le taux de chômage. Car sans emploi, difficile pour un jeune de prendre son envol. L'Espagne affiche actuellement le taux de chômage le plus élevé des pays de l'UE et de l'OCDE, soit 10,4 % en janvier 2025. Ce taux était de 5,8% au Luxembourg.
Enfin, il faut parler de l'évolution des mentalités. Aujourd'hui, la société accepte davantage les adultes vivant avec leurs parents. Ce n'est plus tant considéré comme un échec que comme un choix pratique ou économique. D'ailleurs, en France, un jeune sur cinq revient carrément vivre chez ses parents après avoir goûté à l'indépendance. "Pour plus de la moitié, les raisons sont purement financières. Pour un tiers, c'est l'isolement ou le stress qui les pousse à retrouver la sécurité du nid familial" note Unobravo.
Au Luxembourg, on notera aussi que les jeunes se mettent en couple de plus en plus tardivement.Entre les recensements de 2011 et 2021, le pourcentage d’hommes et femmes ayant entre 25 et 34 ans et vivant en couple a baissé de près de 5 points.
Sondage : votre avis nous intéresse !
Et vous ? Comment expliquez-vous que tant de jeunes restent si longtemps au domicile familial au Luxembourg ? Vivez-vous cela avec vos propres enfants ?
Vous pouvez témoigner via la section commentaire ou avec le rapide sondage ci-dessous (anonyme). Vos réponses serviront dans le cadre d'un futur article. Merci !