Plus le conflit au Proche-Orient s'intensifie, plus les appels à des sanctions contre Israël se font pressants. Mais l'Union européenne les bloque.

Le Luxembourg doit sanctionner Israël pour sa politique en Palestine! Voilà ce que réclame une pétition qui avait recueilli plus de 4.700 signatures à l'époque et a donc été débattue mercredi à la Chambre des députés. D'un côté, les pétitionnaires ont une fois de plus souligné que la situation à Gaza ne cessait d'empirer et que le Luxembourg avait l'obligation d'agir. Il faudrait enfin agir. Le Luxembourg en a les moyens, mais il manque malheureusement une volonté politique, a déclaré la pétitionnaire Dalia Khader. Pour elle, ça suffit, il faut agir maintenant:

"On ne peut pas transformer des villes en cimetières et se dire victime. C'est du terrorisme! On ne peut pas construire des checkpoints et appeler ça de la démocratie. C'est de l’apartheid. On ne peut pas enfermer les gens et parler de légitime défense. C'est en nettoyage ethnique."

La tâche des responsables politiques est en fait de s'engager en faveur des sans-défense et de défendre l’humanité, a encore souligné Catherine Elsen:
 
"Le monde entier voit ce qui se passe à Gaza, mais nos gouvernements préfèrent détourner le regard. Par leur passivité, notre prétendu continent des droits de l'homme continuera de tolérer ce qui se passe déjà aujourd'hui. Il est grotesque qu'il faille la pression de la société civile pour rappeler aux dirigeants politiques des principes fondamentaux tels que l'humanité et le respect du cadre légal."

Le Luxembourg devrait par exemple fermer son bureau commercial à Tel-Aviv, demande la pétitionnaire Dalia Khader:

"Fermer ces bureaux n'est pas juste un geste symbolique. C'est nécessaire pour des raisons juridiques, morales et pour la réputation du Luxembourg."

Mais des sanctions individuelles seraient aussi nécessaires, selon la pétitionnaire:
 
"Pourquoi le Luxembourg n'a-t-il pas sanctionné des personnes comme Netanyahou ou Galant, alors qu'ils sont visés par des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale? Pourquoi des ministres comme Ben-Gvir et Smotrich n’ont pas été sanctionnés ici, comme en Angleterre?"
 
Des sanctions ne peuvent pas être décidées par un seul pays, a argumenté le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel:
 
"Des sanctions, vous savez que nous n'avons aucune base légale ici au Luxembourg. Pour les sanctions, cela doit passer par l'Europe. Nous n'avons aucune base légale au Luxembourg. C'est la réalité. Si nous parvenons à prendre des mesures à 27, l'impact sera bien plus important. Cela signifie que nous essayons encore actuellement de faire pression pour que diverses mesures soient prises au niveau européen. Si nous constatons que cela ne fonctionne pas… si cela peut être efficace, ce qui aura un impact, je serai le premier à vouloir le faire."
 
Pendant que le ministre des Affaires étrangères prenait la parole à la Chambre, une cinquantaine de personnes présentes devant le Parlement exprimaient leur colère en criant "Honte à vous".

À l'issue du débat, il a été retenu que, d'une part, la cellule scientifique de la Chambre va examiner ce qui peut être fait au niveau national, même sans base légale. D'autre part, le ministre des Affaires étrangères va analyser d'ici la fin de l'année les sanctions possibles côté luxembourgeois.