© Unsplash
Lundi matin, Michel Reckinger, le président de l'Union des entreprises luxembourgeoises, était l'invité de la rédaction de RTL. Il a été question du système des retraites au Grand-Duché.
"Pas de pensions sans cotisations", a souligné le président de l'UEL, l'Union des entreprises luxembourgeoises, à propos du grand débat sur les pensions, qui sera lancé en octobre par la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez.
"Les réserves de la Caisse nationale d'assurance pension ne sont plus suffisantes. Des experts nationaux et internationaux s'accordent sur le fait qu'à partir de 2027, les dépenses dépasseront les recettes. Dès lors, les réserves seront épuisées vers 2040 environ," estime Michel Reckinger. Le patronat veut agir sans attendre et surtout au niveau des dépenses.
L'avis du Conseil économique et social, publié en juillet, a déjà montré que patronat et syndicats n'étaient pas sur la même ligne quant à l'avenir de la Caisse nationale d'assurance pension (CNAP). Le Conseil ne pouvant pas parvenir à un résultat commun a même publié les deux avis divergents.
© François Aulner
Les hausses de cotisations sont fondamentalement injustes
Pour agir sur le régime des retraites, deux leviers peuvent en principe être actionnés: soit réduire les dépenses, soit augmenter les cotisations. L'UEL s'oppose à toute hausse des cotisations. "Les hausses de cotisations sont fondamentalement injustes en termes d'équité générationnelle." Pour le dire crûment: “Les jeunes devront payer, pour que les vieux ne doivent renoncer à rien,” selon Michel Reckinger. "Ce n'est pas favorable non plus au salarié, dont le salaire net diminue alors par rapport au brut, ce qui induit une perte de pouvoir d'achat". Et si les entreprises doivent payer plus de cotisations, c'est finalement préjudiciable à la compétitivité du Grand-Duché.
Reconsidérer la prise en compte des années d'études
Selon les employeurs, il faudrait donc agir au niveau des dépenses. "Pas de pensions sans cotisations." Nous sommes actuellement dans un système, dans lequel des gens perçoivent à l'âge de la retraite des choses pour lesquelles ils n'ont jamais cotisé. Il s'agit concrètement des années d'études, des périodes d'éducation des enfants et des périodes de chômage. "Aujourd'hui, les années d'études peuvent être prises en compte jusqu'à l'âge de 27 ans dans le calcul des retraites, même si l'étudiant ne cotise pas, alors que d'autres travaillent déjà à cet âge et cotisent vraiment."
"C'est injuste pour ceux qui ne font pas d'études," estime le président de l'UEL. Il explique que c'est encore une mesure qui remonte aux années 70, quand il n'y avait pas beaucoup d'étudiants, et destinée à encourager les jeunes à poursuivre des études. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Il y a beaucoup plus de jeunes qui font des études que d'autres. Michel Reckinger souhaite donc que cette mesure soit reconsidérée.
"Nous ne sommes évidemment pas opposés à la prise en compte des périodes d'éducation ou des années de chômage, seulement elles ne devraient pas être payées par la CNAP, mais par les ministères de la Famille ou du Travail, qui souhaitent de telles mesures," indique Michel Reckinger
Des pensions si élevées sont-elles nécessaires?
La pension moyenne pour une personne qui a cotisé pendant 40 ans, s'élève à 2.244,82 euros au Luxembourg. La pension maximale est en revanche de 10.392,67 euros. Bien sûr, nous ne voulons pas avoir de pensions faméliques au Luxembourg, ajoute le président de l'UEL. C'est aussi pour cela qu'il existe différentes aides: allocation de vie chère, fonds de solidarité etc. Mais il faut aussi se demander si les pensions élevées sont nécessaires et "qu'est-ce qu'une pension décente?". "Le Luxembourg a un taux de remplacement de 86. Cela signifie que le retraité perçoit comme pension 86% de son dernier salaire. Dans l'OCDE, la moyenne est de 61. Il y a donc une marge extrêmement importante," souligne le président de l'UEL.
Dans ce débat sur les retraites, il faudra nécessairement aborder les retraites élevées auprès de l’État. "C'est une question d'équité," estime le président de l'UEL. Dans le secteur privé, un salarié paye 8%, l'employeur 8% et l'Etat 8%. Il n'y a pas de caisse de retraite particulière pour les fonctionnaires de l'Etat. Ils payent leurs 8% de cotisations et le reste est à la charge de l'Etat. Là, il faut se poser "la question de savoir pourquoi la collectivité doit payer pour les pensions élevées de l'Etat", selon Michel Reckinger.