Nos collègues de RTL Today ont recueilli le témoignage d'un résident du quartier Gare ainsi que celui d'une touriste qui a passé quelques jours sur place. Leurs expériences quotidiennes font froid dans le dos.

Hugo a acheté son appartement, à 50 mètres de la gare de Luxembourg, il y a maintenant trois ans. Après avoir loué un logement pendant six ans, il a décidé de faire le pas et de devenir propriétaire. Une décision qui tombait sous le sens à l'époque. "C'était un investissement pour mon avenir" nous confie-t-il.

Il était loin de s'imaginer ce à quoi ressemblerait son quotidien dans le quartier. "J'ai choisi cet endroit parce que c'était le seul quartier abordable dans la capitale" explique-t-il. C'était important pour lui de vivre quelque part de "central".

Hugo admet qu'il était au courant des problématiques entourant le quartier. Il pensait cependant qu'il s'agissait d'un problème marginal, "de la petite criminalité". "J'ai vécu en France et la situation est similaire autour de toutes les gares de Paris" précise-t-il.

D'après le résident, la situation s'est aggravée ces dernières années. Quand il a déménagé dans le quartier, il explique que le lieu où les trafics de drogue se déroulaient se trouvait approximativement à 200 mètres de chez lui.

La situation a "dégénéré" depuis. "Des individus se shootent sur le pas de ma porte", affirme-t-il en précisant qu'ils laissent les lieux dans un état "déplorable". D'après lui, le nombre de personnes droguées et de dealer a explosé dans le quartier.  "Le pire, c'est que ça se passe devant ma porte", déplore-t-il.

Insupportable

Les choses ont empiré autour du mois de mars 2023, nous explique Hugo. Un groupe de 5 à 10 dealers et drogués ont commencé à se réunir sur le pas de la porte de son immeuble. Et les dealers ne reculent devant rien pour vendre leur marchandise.

Le résident affirme qu'on lui propose régulièrement des drogues malgré avoir essuyé des refus systématiques de sa part. Le niveau "d'intimidation" a sévèrement augmenté d'après lui surtout lorsqu'on refuse de leur acheter quoi que ce soit.

"On retrouve de l'urine, des déjections humaines, du vomi, des crachats, de la cocaïne, des pipes à crack. C'est devenu insupportable, on ne se sent plus en sécurité chez soi", témoigne-t-il. Et ça ne s'arrête pas là.

"Je vois des gens pieds nus malgré le froid, on croise des individus qui sont blessés, qui saignent. J'ai même vu quelqu'un qui venait d'être pris en charge médicalement. Il avait des agrafes sur son crâne. Certains sont agressifs et on a peur de comment ils peuvent réagir. Ça crée un climat de peur dans le quartier."

Hugo explique qu'il en est arrivé à ressentir une certaine honte quand il invite ses proches. "Je pense que la goutte qui va faire déborder le verre d'eau, c'est quand j'aurais été, ou un de mes proches, physiquement harcelé. Je pense que je quitterais la capitale et même le pays."

L'expérience désastreuse d'une touriste

Si le problème est considérable pour les résidents, l'aspect touristique doit bien évidemment aussi être pris en compte. Nos collègues de RTL Today ont échangé avec une touriste qui a récemment loué un Airbnb dans le quartier Gare.

Elaine Mcloone, une gestionnaire dans les services de santé en Irlande, était venu au Luxembourg avec l'idée de passer des vacances agréables avec un groupe d'ami. Elle a malheureusement vite déchanté.

Elle dit avoir été stupéfiée en voyant ce qui se passait à quelques mètres de son logement. L'appartement donnait une vue sur des magasins avec une large porte d'entrée. "Tous les soirs, on s'installait sur le balcon après être sortis dîner", raconte-t-elle.

"Nous avons d'abord vu une jeune femme et un homme couché devant l'entrée de porte. Puis de plus en plus de gens, des hommes principalement, se sont présentés devant ce couple et semblaient échanger quelque chose. Parfois, il y avait des altercations, ils se mettaient à crier."

"Le second soir, le couple était toujours là. On a vu un homme enlever son t-shirt puis se shooter sous nos yeux. Il est tombé sur le côté et les personnes qui l'entouraient ne semblaient pas faire attention à lui."

Elaine explique avoir ressenti beaucoup de "tristesse" en voyant ces scènes. Elle admet qu'elle n'aimerait pas que ses enfants ou ses parents voient ce genre de scènes. "Quand je revenais tard à l'appartement, je me dépêchais de rentrer. Je ne me sentais pas en sécurité." 

"Je me cramponnais à mon sac et je marchais très vite" ajoute-t-elle. Elaine dit avoir été choquée par le nombre de sans-abris qui se trouvaient dans le quartier la nuit. Elle ne recommanderait d'ailleurs à personne de loger dans le quartier.

"Je ne recommanderai cet endroit à personne. Pendant tout mon séjour, je n'ai jamais vu un simple signe de présence policière. Je sais que ce n'est pas simple d'intervenir dans ce genre de situation mais on rencontre clairement toujours les mêmes individus. Pourquoi la police ne patrouille-t-elle pas les lieux?"