Des monticules de déchets éparpillés entre Mont-Saint-Martin et Longlaville attisent la colère des habitants et ravivent les tensions entre élus locaux, communauté d’agglomération et services de l’État.

En cause: une aire provisoire d’accueil pour les gens du voyage, installée de manière "illégale" sur une zone inondable.
 
Sur le terrain, les images parlent d’elles-mêmes: sacs éventrés, odeurs pestilentielles, un container saturé de détritus. Les déchets s’accumulent depuis des semaines sur la bande frontalière entre Mont-Saint-Martin et Longlaville, sans qu’aucun service ne vienne les retirer.

Derrière cette situation, une querelle administrative où chacun se renvoie la responsabilité.

"Un arrêté préfectoral a été pris pour installer une aire destinée aux gens du voyage sur des parcelles appartenant à Longlaville, sans que le maire de la commune n’ait été consulté ", dénonce Olivier Bova, candidat aux prochaines élections municipales à Mont-Saint-Martin. Selon lui, cette décision illustre « une guerre politique » menée depuis plusieurs années contre le maire de Longlaville.

"Je n’ai pas personnellement jamais donné mon accord. Les gens du voyage sont en plus installés sur une zone inondable. Si la Chiers venait à déborder, ce serait dangereux. Ce sont des êtres humains avant tout", peste le maire de Longlaville Hamdi Toudma.

Une autorisation de 6 mois pour les gens du voyage 

L’aire en question a bien été validée par la préfecture de Meurthe-et-Moselle, via un arrêté daté du 18 juillet 2025 pour une durée de 6 mois, signé par la préfète de l’époque, Françoise Souliman. Le texte prévoyait "la mise en place d’un service régulier de ramassage des ordures ménagères » et « des installations de bennes à ordures et de sanitaires adaptés".

Problème: selon la communauté d’agglomération du Grand Longwy, cette aire n’est plus légale. "Le site, initialement autorisé pour un accueil provisoire de juin à août, n’est plus couvert par l’arrêté. Les gens du voyage sont désormais installés en dehors du cadre réglementaire", explique-t-on.

Pourtant, le document officiel précise que les gens du voyage sont autorisés à s’y installer pour une durée de six mois à compter du mois de juillet. En théorie, leur présence reste donc légale jusqu’à la fin de l’année.

De leur côté, les occupants auraient pourtant respecté les consignes. "Ils ont mis leurs déchets dans des sacs, mais le container n’a jamais été vidé", affirme Olivier Bova, qui dit alerter la collectivité « depuis septembre ».

RTL

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Un flou administratif, pas si flou

À qui revient la responsabilité du ramassage ?

La communauté d’agglomération assure qu’il ne s’agit plus de sa compétence : "L’installation actuelle est illégale, je le répète. Ces déchets relèvent donc de dépôts sauvages, non de notre service de collecte ", insiste l’interlocuteur.

Un flou juridique, pas si flou s’installe alors entre salubrité publique, domaine de la commune, et gestion des déchets, compétence de l’agglomération.  "Nous avons demandé aux gens du voyage de contacter une société privée pour l’enlèvement, mais ils refusent de payer", ajoute le représentant du Grand Longwy.

En attendant, le container déborde toujours et les dépôts sauvages continuent. Notre passage sur place, ainsi que de nombreux témoignages d’habitants et d’internautes, confirment la présence du monticule de déchets à l’entrée du site.

Une problématique qui dépasse le local

Au-delà de ce cas précis, la question des dépôts sauvages s’étend bien au-delà du périmètre communal. "Entre Herserange et Longlaville, on fait face à des tonnes de déchets sauvages", déplore la communauté d’agglomération. "On les enlève le lundi, le vendredi c’est revenu. Cela représente plus de 500 000 euros par an pour les services techniques."

Une réunion transfrontalière prévue en septembre avec les autorités luxembourgeoises devait aborder cette problématique récurrente. Elle a été reportée, au grand regret des élus locaux.

Dans l’immédiat, aucune solution concrète n’a encore été trouvée pour nettoyer le site de l’entre-deux-voies. La communauté d’agglomération affirme avoir "pris toutes ses dispositions en matière de salubrité publique", mais reconnaît ne pas pouvoir intervenir sans base légale.

Un vide administratif qui, lui, ne cesse de s’accumuler. Comme les déchets.