La designeuse originaire de la Province de Luxembourg veut rendre légal un nouveau mode de sépulture plus écoresponsable.

On peut choisir son propre rite funéraire. La discussion reste généralement dans le cercle familial et cette volonté est rarement accompagnée d’une réflexion sur les conséquences d’une telle pratique ou d’une telle autre.

À la recherche d’une idée de mémoire dans le cadre de ses études à l’ESA Saint-Luc Liège, Laura Stevens s’est posée la question. Mue par des considérations environnementales, la future designer industrielle s’est intéressée au compostage funéraire.

"Je voulais quelque chose qui ait du sens, qui soit utile pour l’humain et pour la planète. J’ai pris comme point de départ l’humusation, une technique de transformation du corps par l’humus. Un processus bien plus durable que l’inhumation qui pollue les sols ou la crémation qui dégage du CO2 lorsqu’on brûle les cercueils", confesse Laura, originaire de Saint-Médard, entre Bertrix et Neufchâteau.

En parallèle à cet exercice écrit, l’étudiante a dû produire un prototype sous forme de maquette. Elle a alors imaginé un cocon dans lequel reposerait le corps pendant quelques semaines et qui serait nettoyé et réutilisé.

Il reste cependant une fameuse cloison à abattre: celle de la loi qui n’autorise, en Belgique, que l’inhumation et la crémation. "Le sujet a été porté plusieurs fois au Parlement mais il faut répondre à des normes sanitaires. Ça existe aux Etats-Unis et en Allemagne et je suis certaine que ça finira par passer ici", dit celle qui explique un peu plus la façon dont se passent les choses.

Grande convention à Bruxelles

"Le compostage permet un retour à la terre. J’ai imaginé un cocon dans lequel repose le corps du défunt avec des végétaux, de l’eau et de l’oxygène. Après deux mois, on récupère un mètre cube de compost que l’on peut répandre sur le sol." Dans la foulée de son mémoire, Laura a créé une asbl (Compostez-moi !). "L’idée d’offrir un juste retour à la terre qui nous a nourris passe généralement mieux quand j’en parle autour de moi", poursuit celle qui s’est forcément heurtée à une matière encore taboue pour bien des personnes. L'ASBL tente également de définir un modèle économique permettant l'accès à ce mode de sépulture au plus grand nombre.

Même si elle avoue consacrer un rien moins de temps à cette cause, Laura poursuit ses investigations et rencontre de potentiels partenaires pour faire aboutir le projet. "On organise une grande convention le samedi 22 novembre à Bruxelles. Une journée complète pour parler de ce compostage en long et en large avec la présence d’experts mais aussi de citoyens. On veut mener une réflexion globale que ce soit à propos de la technique comme du rituel et du recueillement."

Laura compte sur ses talents artistiques pour rendre la chose le plus désirable possible, "car j’avoue qu’une butte de terre, ce n’est pas très glamour". Pour convaincre autour d’elle, la jeune fille explique qu’à la place d’être un déchet, le corps devient une ressource pour la terre.

Avec amourtoujours.be, Laura a aussi trouvé les mots pour nommer son entreprise en mars dernier. Elle propose des objets différents et respectueux de l’environnement pour entourer les funérailles. D’où l’idée de ce cocon qui accompagnerait ainsi le défunt l’espace de quelques semaines.